Retour sur la 5ème édition de Rock en Seine qui ne restera pas dans les mémoires malgré une programmation désormais étalée sur 3 jours. Le festival bénéficie des largesses de la région Ile de France pour se constituer une affiche digne de ce nom et surtout digne d’attirer des milliers de curieux. Aprés la belle prise Radiohead l’an passé, le festival francilien a cette fois-ci réussi à attirer dans ses filets des gros poisons nommés Arcade Fire, Björk, The Jesus & Mary Chain, The Shins, CSS ou encore Jarvis Cocker. La programmation s’est également franchement ouverte à d’autres styles musicaux puisque le rap (Puppetmastaz, Dizzee Rascal), le jazz (Erik Truffaz), le métal (Tool) ou encore le R’n’B (Kelis) avaient voix au chapitre. L’autre invitée du festival fut la boue, omniprésente sur le site pendant 3 jours au grand dam des pseudo-Paris Hilton en « habits du dimanche » et talons aiguilles…
La journée du vendredi était celle qui concentrait le plus de groupes que je souhaitais voir ou revoir. Je prends bien soin d’arriver aprés le set des affreux Rockn’Roll, vainqueurs du concours CQFD en 2006 (un coup à vous décrédibiliser un concours ça). Les Rodeo Massacre sont mignon(ne)s 2 minutes dans leurs tenues de marins mais leur rock sauce garage me donne trés vite le mal de mer. Le festival ne commence vraiment pour moi qu’avec les préhistoriques Jay Mascis et Lou Barlow, les 2 membres éminents de Dinosaur Jr. Comme je m’y attendais le set fut intense, jusqu’au-bruitiste, parfois à la limite du supportable mais c’était sympa d’entendre leur reprise du Just Like Heaven de Cure et de voir ce groupe que j’écoutais chez Lenoir il y a quelques années (non, pas à l’époque des dinosaures mais juste aprés). Les écossais de Mogwaï programmés sur la grande scène arboraient fièrement les couleurs du Celtic Glasgow ( le club de foot des catholiques par opposition aux Rangers celui des protestants). Le quatuor nous fit le coup de la « douche écossaise » en alternant passage calme au piano avec déluge de guitares noisy. Bouchons d’oreille de rigueur mais set efficace. James Mercer et les Shins avaient également les honneurs de la grande scène suite à un changement de programme. J’avais eu l’occasion de les voir en début d’année à l’Elysée Montmartre et j’avais été trés déçu par leur prestation ce soir là alors que leur dernier album tournait en boucle depuis quelques mois sur ma platine. Si l’ensemble fut de meilleure facture cette fois-ci, leur performance m’a confirmé dans mon idée que The Shins n’est définitivement pas un groupe à voir sur scène. Dommage. Un petit détour sur la scène de la Cascade pour jeter une oreille et un coup d’oeil à Emilie Simon et je ne retiendrais que le coup d’oeil…Retour sur la grande scène pour l’un des grands moments du jour (et finalement de tout le festival) avec le set des suédois The Hives. Je ne suis que moyennement client de leur garage-punk habituellement mais en live ça passe plutôt bien, en grande partie grâce au show de Pelle, leur chanteur, qui est un spécialiste de l’auto-congratulation et des sidekicks. Musicalement ça reste faiblard, l’impression d’entendre toujours le même morceau mais encore une fois en festival c’est le genre de groupe qui booste un public et aprés les Shins on en avait bien besoin…Last but not least, les derniers à fouler la grande scène étaient bien entendu The Arcade Fire, 2 ans aprés un concert que j’avais trouvé un peu pâlot (avec un son pourri il faut dire). Cette fois-ci tout s’est bien déroulé, pas de batteur malade, pas de Poupée de Cire, poupée de son, une reprise du Age Of Consent de New Order, des chansons définitivement passées à la postérité…Vous l’aurez compris j’ai pris mon pied avec les Montréalais, une routine dont j’espère ne jamais me lasser.
La journée du samedi fut beaucoup plus « light » et pas seulement pour ce qui est du temps sur Saint-Cloud. J’arrive sur le site pour le dernier titre de I Love UFO (une bonne dizaine de minutes tout de même), difficile d’apprécier à chaud la basse étouffante et les beuglements du chanteur. Dommage, leur premier album m’avait plutôt bien plu. Un rapide coup d’oeil aux américains d’Hellogodbye, tout droit sortis d’un teenage movie à la American Pie et qui doivent surement cartonner sur les college radios US. Indigeste. Pour cause de cure de désintox Amy Winehouse est remplacé par les Cold War Kids sur la grande scène. Quelques morceaux sympas comme sur leur premier album mais pas plus en ce qui me concerne. Que dire du concert de Jarvis Cocker si ce n’est que le dandy fait peine à voir. Baragouinant sans arrêt en français entre les morceaux, seules ses mimiques parviennent à me rendre nostalgique de la période Pulp. Tristesse. Calvin Harris semble mettre le feu à la scène de l’Industrie mais c’est avec les brésiliennes de CSS que nous allons tenter de nous consoler. Le show de Lovefoxxx et ses copines est aussi kitch et dansant qu’à Saint Malo, pas d’un grand intérêt musical mais idéal pour mettre l’ambiance dans le cadre d’un festival. A noter que leur nom (Cansei de Ser Sexy = marre d’être sexy) leur va à merveille tant elles (et il) prennent grand plaisir à s’enlaidir. Mention particulière à Lovefoxxx et à son fuseau fluo. Aprés cette kermesse païenne place à la rédemption avec le retour de The Jesus & Mary Chain. Alleluïa. Toujours aussi peu expressifs et préférant laisser parler leur discographie, les frangins Reid ont déversé leur déluge noisy dans les oreilles de vieux fans indie aux anges. De Head On à Just Like Honey en passant par l’irrévérencieux Reverence (« I wanna die just like Jesus-Christ, I wanna die on a bed of spikes… »), le groupe a prouvé qu’il pouvait encore exister sur le devant de la scène indé. Il est 22h et c’est la fin de la journée en ce qui me concerne, le reste de la programmation (Rita Mitsouko, Tool) ne m’attirant pas le moins du monde (hormis une petite curiosité envers les revenants Alpha).
Dernière journée à Saint-Cloud qui commence plus tôt que d’habitude puisque dès 14h la magicienne Natasha Khan (pour laquelle j’ai maintes fois crié mon admiration dans ces pages) et ses compères de Bat For Lashes promettait de faire battre des cils d’admiration le large public déjà présent. Je craignais un peu que les mélodies et l’ambiance un peu intimiste des compositions du quatuor ne s’adapte au format concert en plein air mais finalement ce fut une belle réussite. Les 40-45 minutes du set sont passées à toute vitesse, la belle elle-même fut surprise et déçue de devoir interrompre cette belle communion. Un rapide passage avec Fred sur la scène de l’industrie pour Housse de Racket et leurs synthés vintage. Marrant 2 minutes (notamment leur blague potache sur le fait qu’ils font la 1ère partie de Björn Björk) mais pas une de plus. Sur cette même scène j’étais curieux de voir et entendre Nelson, la réponse française à Interpol et autres Editors. Quelques bonnes mélodies mise hors-jeu par une présence scénique proche du coup de Traflagar. Je fais l’impasse sur le R’n’B de Kelis et la pop tzigane-bricolo de Devotchka, qui n’a pas grand chose à offrir de plus qu’une participation à la BO de Little Miss Sunshine. Retour au rock avec un grand R sur la grande scène pour le set des Kings of Leon, 3 frangins et leur cousin comparés par le magazine du festival à des Strokes campagnards. Agréable surprise pour ma part tant je ne suis habituellement pas trop client de ce blues-rock sudiste qui sent la sueur. La voix cassée du chanteur (dont il ne cessera de s’excuser) apporte qui plus est un supplément d’âme à leurs compositions. Changement de style sur la scène de la Cascade avec Just Jack dont le set a mis des étoiles dans les yeux des festivaliers (au sens propre comme figuré). Super ambiance. Ce n’est malheureusement pas le cas du set suivant puisque Craig Armstrong (dont j’avais adoré le 1er album à l’époque) propose un concert chiant à mourir qui nous fait rapidement fuir vers la grande scène. L’affluence et la transhumance des festivaliers ne fait aucun doute, il est l’heure du clou du festival (en tout cas présenté comme tel). Affublée d’une couverture de survie (ah bon c’était une robe ??), Björk fait son apparition sur scène accompagnée d’une imposante section cuivres relookée par les sacs poubelle Handibag…Aprés ces considérations esthétiques place à la musique et au light show. Ce dernier à base de lasers vert éclipse d’ailleurs un peu l’émotion qui se dégage habituellement de certains titres de la volcanique islandaise. J’apprécie toutefois les morceaux issus d' »Homogenic » et de ses prédécesseurs même si les cuivres ne s’accordent pas toujours à mon goût avec certaines mélodies. Pas franchement emballé, pas franchement déçu, un peu fatigué par ces 3 jours de concert à piétiner, je pars finalement avant les rappels sans aucun regret.
Cette 5ème édition marquait donc le désir d’ouverture (à d’autres styles musicaux) et de grandeur (de 2 à 3 jours) du festival. Les 65000 festivaliers qui ont franchi les portes du parc ne sont, malheureusement pour les organisateurs, pas suffisants pour rentabiliser cette édition (ils en attendaient 70000). La trop grande ouverture et la journée du samedi particulièrement faiblarde ont semble t’il rebuté bon nombre d’amateurs de rock (ce que je comprends tout à fait). Rendez-vous l’année prochaine ? Pas si sûr en ce qui me concerne…
29 août, 2007 at 5:38
Just Jack déchire, on est d’accord. En finesse et sans se la jouer, en plus.
29 août, 2007 at 10:39
Ouais l’ambiance était trés sympa, tout le monde avait la banane à commencer par lui et sa pseudo Diams qui lui servait de choriste.
30 août, 2007 at 7:49
Pas fan de TOOL hein ?
30 août, 2007 at 8:20
C’est dommage, le rappel de Bjork, c’était un des moments les plus sympas de ce Rock en Seine. En tout cas, tout à fait d’accord avec toi, je doute que je reviendrais l’année prochaine moi aussi!
30 août, 2007 at 8:52
@Damoon : Non pas trop…je connais pas bien à vrai dire donc je me permettrais pas de juger. Je serais bien resté par curiosité car en live il paraît que c’est impressionant mais j’étais naze. Tu les as déjà vu toi ?
@Anne : Ah bon ? mince. Bah c’est pas grave j’ai pu rentrer en métro tranquille du coup et pas trop avoir la tronche dans le cul le lendemain au taf ^__^
30 août, 2007 at 9:04
Pour ceux qui désirent connaître Rock en Seine 2007 de l’intérieur > http://rockcover.over-blog.com (blog officiel)
Interviews artistes, organisateurs, VIP, chroniques des concerts, indiscrétions des coulisses, animations off, photos…
30 août, 2007 at 10:33
Moi je regrette tout de même de ne pas y être allée, parce que je ne suis jamais allée à aucun festival…
Mais bon peut être que je ferai autre chose que Rock en Seine l’année prochaine.
Car cette fois ci, il n’y aura plus de mémoire entre moi et rock’n roll oooooh yeah…hum
30 août, 2007 at 10:41
La choriste est quand même bien plus charmante que Diam’s et en plus, je suis certain qu’elle ne balance pas des « wesh, wesh » à tout bout de champ.
30 août, 2007 at 11:53
@Cécile : Demande une accred pour Saint-Malo l’année prochaine, au moins pour manger de la galette saucisse et boire des mojitos 😉
@Gino : Je sais pas on était pas intime elle et moi mais de loin elle lui ressemblait pas mal.. J’ai toujours un peu de mal à associer le mot charmante avec Diam’s…
30 août, 2007 at 4:24
Ahhh TOOL vaste domaine…On adore ou on désteste…. J’aurais adoré enfin les voir sur scène mais à chaque fois ça rate… Krotorsh ! Je suis fasciné par ce groupe : le son, la voix de MJ.Keenan et après avoir maté pas mal de vidéos sur scène ça à l’air de ouaw…
Et toi petit cornichon t’y à même pas jeté une truffe….Pffff malautrou và !
La biz.
31 août, 2007 at 7:15
Beaucoup de groupes et finalement peu de vraies satisfactions. Serions-nous blasé(e)s à force de fréquenter salles de concerts et festivals? Il se peut. Je trouve le système aller-retour scène de la cascade/grande scène un peu mécanique qui n’aide pas à plonger dans l’ambiance de chaque concert. La programmation a le mérite de l’éccléctisme et il est donc normal que chacun éprouve un sentiment mitigé. Pour l’an prochain, un petit Benicassim Toto? 🙂
31 août, 2007 at 8:40
@Damoon : ouais j’avais envie de rester pour le coup d’oeil mais on avait 1h à attendre et ça nous a saoulé…Tant pis, mes oreilles me disent merci 😉 La bise.
@Jerrymil : Bien rentré dans vos pénates agenaises ? Blasé je crois pas, je pense plutot que la programmation ne nous correspondait pas totalement. C’est vrai que c’est le festival ou l’on doit couvrir le plus de distance mais bon le cadre est agréable. Les festivals barcelonais (Primavera et Summercase) et le Benicassim seront peut être au programme 2008 oui…
2 septembre, 2007 at 2:56
Tiens je suis assez étonnée que cette edition ne soit pas rentabilisée … je pensais que Bjork rameuterai la terre entière! D’un autre coté tous les ‘amateurs’ de rock en seine (toi excepté) dont moi n’y sont pas allé cette année et vu ton post sans regret pour ma part. Par contre pour Jarvis c’était si terrible que ca? ourghhh
3 septembre, 2007 at 4:00
J’adore ton blog !
Je viens de le découvrir ce matin, et j’ai pas laché tes pages l’une après l’autre et je pense que je vais pas le lacher du tout !..
J’ai un groupe à te faire écouter : Death From Above 1979
Ils sont Canadiens.. tout comme Malajube ou Arcade Fire ou Hot Hot Heat ILS SONT EXCELLENTS !
Je suis marocaine au Maroc et je m’expatrie SOON à Montréal rien que pour l’amour de l’art !
Quand j’aurais mon passeport canadien je sillonerais le monde et je ne raterais aucun festival 🙂
PEACE, tu me motives doublement pour ma démarche !
3 septembre, 2007 at 4:48
@Ams :Il y avait pas mal de monde le vendredi mais c’était pas bondé (je connais de gens qui voulaient venir mais qui bossaient), le samedi ça sonnait un peu le creux et le dimanche yavait foule. J’ai plus le chiffre en tête mais le cachet des artistes c’était assez énorme d’où le prix (prohibitif) du pass 3 jours. Oui trés déçu par Jarvis, il me faisait de la peine…
@Indiedandy : Merci c’est gentil, tu es la bienvenue ici (les autres aussi arrêtez de râler !!).
Je connais un peu Death From Above 1979, j’avais eu la curiosité d’écouter au moment où CSS ont sorti leur tube les concernant. Malheureusement j’avais pas trop trop accroché…Je ferais l’effort de réécouter, sait on jamais.
Excellent choix que le Canada et Montréal, tu vas surement te régaler. 🙂
J’en profite pour saluer Eric et Bruno, expatriés là bas depuis 1 an. Des becs les gars.
4 septembre, 2007 at 8:03
16
4 septembre, 2007 at 8:34
Benoît 16 ? from the Vatican ?
4 septembre, 2007 at 9:47
Désolé.
C’est plus fort que moi.
4 septembre, 2007 at 10:35
Embrasse Pierre Bénichou !!
5 septembre, 2007 at 10:05
Alors je vois ici que nous sommes en présence d’une petit calembour, communément appellé « blagounette » qui dans l’encyclopédie 2007 aux éditions Ecole du rire se classe dans la cétégorie « Jeu de mots à tendances histoire des religions » avec une variante sur « culture musicale contemporaine »et « Nouvelles technologies ». En effet vous constaterez que ce calembour utilise à la fois la technologie internet, le principe des commentaires sur un blog avec une réference musicale (Damien Seiz) et historique (Sa sainteté Benoît XVI)…Merci de votre attention, la semaine prochaine j’aborderai l’historique des blagues carambar en milieu aquatique (comprendre à la plage).
5 septembre, 2007 at 12:34
J’ai pas encore pris mes vacances et j’aimerais bien les caller avec un festival.
Quel est à votre avis le festival européen qui vaut vraiment le détour?
5 septembre, 2007 at 12:45
Damien Saez (pas Seiz) svp et Benoit XVI n’est pas encore un saint à moins qu’un santo subito ait été voté hier soir
Damoon.
Ps : rdv au vla’ les flics !
5 septembre, 2007 at 1:03
@Pr Rollin : J’avais même pas tilté pour Damien Saez. Surement parce que je suis vieux et fier…
@Indiedandy : La période des festivals touche un peu à sa fin là donc pour cette année ça me parait malheureusement compromis pour toi. Sinon j’aurais tendance à dire que Benicassim doit valoir le coup, les Eurockeenes de Belfort aussi, la Primavera et le Summercase à Barcelone…Aprés tout est une question de goût et il faut savoir que ces gros festivals sont souvent bondés, il vaut mieux mesurer plus d’1m70 si on veut regarder autre chose que les écrans géants….Voilà ce que je peux te dire pour l’instant.
@Tous : merci d’avoir fait en sorte que l’on a battu le record de commentaires de ce blog avec ce post 🙂 Le 22 est atteint, prochain objectif ? dîtes 33…
5 septembre, 2007 at 5:50
Félicitations pour ce record, de la part de Jack Bauer 🙂
Erwan
5 septembre, 2007 at 8:08
Héhé bien vu Jack 😉
Par contre je savais pas que Jack Bauer était breton !!! j’ai jamais vu dans 24H le fameux drapeau breton que l’on voit dans tous les festivals….Bizarre.