Concerts


Pour sa deuxième édition, le festival Eldorado, organisé par le label Fargo, investit une fois de plus la Café de la Danse. Une première soirée à forte consonance nord-américaine avec comme invités le trio canadien Timber Timbre et l’Américain Josh Ritter, seul avec sa guitare. Deux ambiances radicalement différentes avec d’un côté l’austérité folk-blues (Timber Timbre) et de l’autre la country-folk souriante (Josh Ritter).

Premiers à entrer en scène, les Canadiens ont semble t’il souhaité créer une ambiance sombre et pesante afin de coller au mieux à leur musique, que je découvre ce soir là. Un mélange de folk et de blues joué par un trio comprenant un guitariste pedal steel, une violoniste et la tête pensante du groupe (Taylor Kirk) en charge du chant, de la guitare et d’imprimer la rythmique avec le pied sur une grosse caisse. L’éclairage est réduit au minimum sur scène (quelques spots de lumière rouge), le groupe enchaîne les morceaux en les entrecoupant de plages instrumentales et semble jouer un peu en autiste, oubliant qu’il y a un public assis en face de lui. Déjà peu propice à l’enthousiasme, leur musique tend à devenir carrément austère en live. Tout n’est pourtant pas à jeter avec l’eau du bain, au contraire. La deuxième moitié du set est un peu plus vivante grâce à des titres tel que l’excellent Demon Host, porté à bout de bras par la voix grave de Taylor Kirk. On pense à Nick Cave ou à du 16 Horsepower sous Prozac. Dans l’ensemble on s’ennuie quand même un peu tant le set peine à décoller et la distance mise par le groupe avec le public n’aide en rien à changer cet état de fait. Le concert se termine au bout de quasiment une heure avec la désagréable impression de l’avoir traversé comme un fantôme. Dommage.

Heureusement Josh Ritter va rapidement faire basculer la soirée dans l’euphorie et la joie communicative avec un concert solo en tout point enthousiasmant. L’Américain se présente seul sur la scène du Café de la Danse avec un grand sourire non feint et une joie de jouer communicative qui a sans doute convaincu même les plus sceptiques. Ce soir Josh Ritter a revêtu les habits du « Coolest Man on Earth ». Pendant plus d’une heure, il balaye sa discographie déjà riche, alternant ballades (The Curse ; Change of time ; Kathleen) et titres plus enlevés (Wolves ; Good Man) et surtout parvient à créer une véritable alchimie avec un public qui n’en demandait pas tant. On pense notamment à cette version de In the Dark sur laquelle Josh Ritter demande à ce que le noir soit fait complètement dans la salle pour une interprétation à vous donner des frissons et un final repris en choeur par une partie du public. La venue sur scène de sa femme, Dawn Landes, est par contre plutôt à ranger dans la case anecdotique tant les 2 morceaux qu’elle a interprété, d’abord seule puis en duo, n’ont pas eu l’effet escompté. L’Américain ne se fait pas prier pour offrir au public quelques titres en rappel dont le très attendu Girl in the war, l’occasion d’évoquer, dans son style à la fois sobre et teinté d’humour, l’anniversaire des évènements du 11 septembre 2001. Au final une magnifique performance pour celui qui n’oublie pas de remercier son backing-band invisible, une belle communion avec un public forcément aux anges et un festival bien lancé pour sa deuxième, et on l’espère pas la dernière, édition.

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Initialement prévu à la Cigale, le concert de Fever Ray + Zola Jesus s’était vu déplacé il y à quelques mois dans le cadre plus cossu et mythique de l’Olympia. Cette belle affiche de rentrée marquait donc pour les parisiens la fin de la période de vaches maigres (désespérant mois d’août pour les amateurs de concerts sur la capitale) et l’on pouvait difficilement rêver meilleur line-up que celui de ce soir avec la révélation goth Zola Jesus pour accompagner la première date parisienne des suédois de Fever Ray.

Alors que son « Stridulum II » vient à peine de sortir, on parle déjà beaucoup et depuis un bout de temps de l’Américaine Niki Roza Danilova, 21 printemps à peine, plusieurs albums et EP déjà à son actif. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé et est venu de bonne heure afin d’assister au set de celle qui fait buzzer la toile. Sur scène, la configuration est minimaliste : 1 clavier de chaque côté et Niki au milieu, d’abord statique sur l’introductif Trust Me puis qui se met à arpenter la scène en long, en large et en travers. Zola Jesus c’est avant tout une voix, que l’on imagine sortie tout droit…d’on ne sait où mais en tout cas pas de ce petit bout de femme que l’on a sous les yeux. Seul problême, au bout de 3 morceaux, on a un peu l’impression de tourner en rond. Musicalement les morceaux se ressemblent quand même beaucoup, plus que sur disque, et malgré les efforts de Niki pour habiter un peu ses chansons (jusqu’à s’approcher au plus près du public), on décroche petit à petit. La salle de l’Olympia était peut être un peu trop grande pour eux et leur musique qui se marierait mieux avec une salle plus intimiste mais Zola Jesus reste un groupe que l’on va continuer à suivre dans le futur.

Alors que l’album est sorti depuis plus d’un an, c’est pourtant la première fois que Fever Ray foule le sol d’une salle parisienne et la deuxième fois seulement le sol français après les Transmusicales de Rennes l’an dernier. Ceci explique sans doute l’engouement autour de ce concert et le changement de salle. Il faut dire que les prestations scéniques (rares) des Suédois ont quelque chose d’assez unique selon les dires de ceux qui ont eu la chance d’y assister. Ce soir, les veinards c’est nous et lorsque les lumières s’éteignent le grondement de la foule résume bien l’attente du public autour de ce concert. Un imposant mur de fumée est envoyé sur scène avant l’entrée des membres du groupe, tous affublés de masques de…Fantomas (?), tous sauf Karen Dreijer Andersson, la tête pensante du groupe, accoutrée comme à son habitude en live d’un costume de créature « fantastique ». Sur la scène des dizaines d’abat-jour vont faire office de light-show avec des lasers passant au dessus de nos têtes ou diffusant leur lumière verte un peu partout dans la salle grâce à un jeu de miroirs. Derrière tous ces artifices de carnaval, on a tendance à oublier qu’il y a un groupe, un oubli vite réparé lorsque le set débute sur If I Had a Heart. On oublie finalement le folklore pour se concentrer sur la musique, tout en dualité, à la fois oppressante et chamanique, tribale par moments (Triangle Walks ; When I Grow Up), froide et oppressante à d’autres (Concrete Walls). La voix de Karen est malheureusement un peu trop noyée sous les effets et les autres instruments. Malgré la distance imposée par leur jeu de scène, le public semble en transe autour de nous, notamment sur le superbe Keep The Streets Empty for Me ou l’envoûtant Coconut servi en dessert. Une expérience scénique que l’on n’est pas pressé d’oublier, seulement de revivre à nouveau.

Un autre compte-rendu chez Spirit of Ecstasy.

Le mois de juillet est traditionnellement celui où les amateurs de concerts ont du mal à se mettre quelque chose d’intéressant sous la dent, la majorité des groupes étant sur la route en train de sillonner les festivals. L’annonce surprise du concert d’Arcade Fire au Casino de Paris avait donc suscitée un véritable engouement digne des plus grands, preuve que les Canadiens ont acquis un statut particulier avec leurs deux premiers albums. Fans hardcore ou curieux, tout le monde voulait assister à ce qui s’annonçait comme une présentation en avant-première du troisième album des Montréalais, « The Suburbs« , dont la sortie est prévue pour septembre prochain.

Annoncée pour 19h, l’ouverture précoce des portes du Casino de Paris a pour effet de remplir la rue de Clichy d’une bonne partie des hipsters de la capitale à l’heure où de nombreux parisiens quittent leur boulot. Il faut ensuite prendre son mal en patience avant de pouvoir rentrer, la faute à une organisation un peu dépassée par l’évènement et par le système pour le moins particulier d’attribution des places…Contrairement à la tournée américaine sur laquelle Spoon accompagne Arcade Fire, aucune première partie n’est au programme de ce soir. Les lumières s’éteignent vers 20h30 sous les acclamations d’un public à l’image de la température régnant dans le Casino de Paris : bouillant. On retrouve les Canadiens à peu près tels qu’on les avait laissés la dernière fois qu’on les a croisés (Win Butler est passé chez le coiffeur et Richard Parry chez l’ophtalmo…).

Le groupe démarre le set par deux nouveaux titres, le bien nommé Ready To Start et Modern Man. Ils confirment la tendance entrevue avec les premiers morceaux en écoute sur le net, à savoir que l’album à venir va mettre la pédale douce sur l’emphase et le lyrisme. Du coup on a un peu de mal à rentrer dans ce concert, le moment choisit par le groupe pour dégainer les anciens tubes (Laïka ; No Cars Go ; Haïti). Effet garanti. Le soufflet retombe avec Empty Room et le single The Suburbs, à peine plus convaincant sur scène que lors des écoutes préalables. La moitié du set est atteinte et hormis 2/3 bons moments, ça ronronne quand même sévère !

La deuxième partie de concert va heureusement s’avérer bien meilleure. Suburban Wars nous sort enfin de notre torpeur et semble tout désigné pour être LE tube de « The Suburbs« . L’enchaînement Power Out/Rebellion (Lies) est comme toujours un très grand moment dans un concert d’Arcade Fire, celui sur lequel la communion avec le public est la plus forte. We Used To Wait et Month of May souffrent inévitablement de la comparaison. Keep The Car Running conclut le set en beauté au moment où le concert commençait véritablement à décoller. Frustrant. Le public entonne les « Hoo Hoo » de Rebellion (Lies) afin de faire revenir les Montréalais sur scène, chose faite au bout de quelques minutes d’attente. Tunnels et Intervention (dédié à François Chevalier décédé l’an dernier) puis le très attendu Wake Up font office de rappel. Même si cette deuxième partie de set fut beaucoup plus intense que la première grâce à des titres en train de passer à la postérité, on ne peut s’empêcher au moment de faire le bilan de la soirée de reconnaître une pointe de déception. Arcade Fire a placé la barre tellement haute avec son premier album et des concerts mémorables (Olympia 2007 par exemple) que l’on a envie de revivre ces moments de façon aussi intense, chose difficile ce soir avec des morceaux que, premièrement, on ne connaît pas et, deuxièmement, qui semblent de prime abord plus difficiles à apprivoiser.

Coincée entre 2 festivals ; la fin de Villette Sonique et le début de « Filmer la Musique » ; cette soirée au Point Ephémère proposait sur le papier une affiche éclectique et de qualité. Premier à entrer en scène, l’Irlandais Conor O’Brien, rescapé des éphémères The Immediate, désormais seul aux manettes de Villagers. Même allure juvénile, mêmes ballades folk-pop, même prénom, il y a du Oberst chez ce O’Brien. Seul avec sa guitare, l’Irlandais égrène une à une les chansons de son premier album sorti chez Domino, et notamment le superbe morceau titre Becoming a Jackal. Plutôt loquace entre les morceaux, il se met le public dans la poche assez rapidement en commandant un whisky ginger ale sans glace depuis la scène qui faute de ginger ale se transforme en whisky pur. Un peu trop fort pour notre ami irlandais qui du coup l’offre gracieusement au public. S’il est encore un peu tendre pour un whisky pur, il n’y a en revanche pas grand-chose à redire sur la qualité d’interprétation de ses morceaux et notamment les deux love-songs qu’il a réservé pour la fin du set. La plus triste des deux se nomme Pieces, c’est aussi l’un des plus beaux morceaux entendus cette année, le genre à vous mettre la chair de poule et les glandes lacrymales en ébullition lorsque Conor répète à l’infini « I’ve been in pieces »…Une ovation méritée pour la plus belle découverte de la soirée.

Changement de plateau et d’atmosphère avec les américains de Small Black. Les 4 new-yorkais surfent sur le mouvement chillwave qui secoue actuellement le microcosme pop-rock indé avec des groupes tels que Washed Out, Toro y Moi, Neon Indian…Les beats sont ici plus électro que downtempo mais pour le reste c’est assez fidèle au crédo de ce nouveau mouvement : synthés planants et reverb’ à tous les étages. Le choc est rude après l’intimité créée par Villagers et il faut bien 2-3 morceaux avant de rentrer complètement dans le set des Américains. A peine le temps de commencer à l’apprécier et c’est déjà la fin. A revoir dans des meilleures conditions.

Ultime changement de plateau, le Point Ephémère s’est bien rempli pour voir celle qui a son nom en gras sur l’affiche de la soirée, j’ai nommé Scout Niblett. Pourtant, l’Anglaise traîne une réputation pas forcément très flatteuse sur la tenue de ses performances live. On la compare notamment beaucoup à Chan Marshall (Cat Power), capable du meilleur comme du pire sur scène. Son dernier album, l’excellent « The Calcination of Scout Niblett », laisse pourtant augurer d’un concert tout en tension et en rage retenue, le mélange de l’eau et du feu qui sied si bien à sa musique depuis ses débuts. La configuration  est minimaliste puisque Scout, à la guitare, est accompagnée seulement d’un batteur. D’entrée de jeu, l’Anglaise semble dans un bon soir. Elle ponctue chaque fin de morceau d’un petit cri, d’un grand sourire vers son batteur et de bras levés comme si elle venait de marquer un but. Les trois derniers albums se taillent la part du lion de la setlist. On apprécie tout particulièrement la sensuelle Kiss, à laquelle il ne manque que la voix grave de Will Oldham. Scout Niblett est visiblement très heureuse de jour ce soir au Point Ephémère, cela s’entend et cela se voit.

Son sourire de petite fille espiègle lorsqu’elle martyrise sa guitare et balance riffs et larsens dans nos oreilles, a quelque chose d’amusant et de touchant. Oui, cette fille est touchante. Un peu barrée aussi mais ce n’est pas incompatible, au contraire. Elle délaisse la guitare sur un morceau pour se mettre derrière les fûts, demande au public s’il a des questions, y répond, puis joue un morceau demandé par l’assistance. Retour du batteur et de l’attelage bruit/fureur. Pas de setlist écrite à l’avance, on est dans l’impro totale. Les 2 acolytes décident entre les morceaux ce qu’ils doivent jouer en suivant. On a l’impression de voir un concert donné par des potes, sans chichis, sans scénario écrit et pensé à l’avance. On aime ça. Elle ne semble pas vouloir s’arrêter de jouer mais est obligé de se plier aux directives de la salle. On a quand même droit à un rappel avec notamment le superbe Wolfie qui conclut un set à l’image de son auteur : surprenant et attachant.

A lire un compte-rendu avec photos chez Elo.

Au moment où l’Europe est paralysée par un volcan au nom imprononçable, les artistes s’organisent pour assurer les nombreuses dates prévues aux 4 coins du monde et notamment en France en ce mois d’avril traditionnellement chargé en concerts avant le grand raout des festivals de l’été. Alors que les Suédois de Shout Out Louds ont dû annuler leur concert du soir au Scopitone, les Canadiens The Besnard Lakes sont bel et bien présents dans un Bus Palladium fraîchement rénové afin de venir présenter les titres de leur album « Are The Roaring Night« .

La soirée débute avec l’une des belles découvertes de 2009 du côté de l’Hexagone, j’ai nommé Frànçois & The Atlas Mountains. Groupe à géométrie variable, la formation de Saintes réunit ce soir autour de François Marry  deux musiciens multi-instrumentistes et un percussionniste sautillant entouré d’un assemblage de percus africaines. Difficile de faire le rapprochement entre le son plutôt policé de l’album « Plaine inondable » et la performance délivrée en live par la formation charentaise, tout sauf pantouflarde. Improbable croisement entre la pop classieuse de Dominique A,  la folk psyché d’Animal Collective et les rythmes tribaux de la world music, la musique de Frànçois & The Atlas Mountains vous fait visiter, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les 4 coins de la planète (qui est ronde comme tout un chacun le sait). Loquace et visiblement heureux de pouvoir se produire « à la capitale »,  Francois se lance même dans une danse africaine sur le final en apothéose du dernier titre du set. On a hâte de pouvoir écouter le nouvel album en préparation, qui sera de l’aveu même de son géniteur, plus en phase avec leurs performances live.

Un rapide changement de plateau plus tard et le quatuor canadien The Besnard Lakes prend place sur scène, à quelques mètres de l’énorme boule à facettes, l’un des rares vestiges de l’ancienne vie du Bus Palladium. Les Montréalais ont des looks assez hétéroclites qui font esquisser quelques sourires au public…jusqu’à ce que la machine à fumée ne se prenne pour l’Eyjafjöll. La scène est recouverte de fumée pour la première fois de la soirée, le début d’une longue série. On savait que Jace Lasek avait une voix de tête qui n’était pas sans rappeler celle de notre Polnareff national mais on ne s’attendait pas à le voir arborer la même crinière et des lunettes old school. Le début du set est conforme à ce que l’on espérait, à savoir des titres jonglant entre le rock progressif des 70’s et le shoegaze des 80’s. Part belle est faite aux titres du dernier album, déjà bien rodés à l’image du diptyque Like the Ocean, Like The Innocent, d’Albatross (malgré le chant un peu faux d’Olga), du superbe Chicago Train ou de l’immense Land of The Living Skies Pt.2. Le groupe n’oublie pas pour autant les fans les plus anciens avec les désormais classiques  de « Are The Dark Horse » (Disaster ; For Agent 13 ; And You Lied to Me), leur premier véritable album, qui les avaient propulsé sous les feux des projecteurs il y à 3 ans de cela. Les Montréalais réussissent même le tour de force de me faire apprécier les solos de guitares façon 70’s qu’ils disséminent avec parcimonie dans leurs mélodies. L’un des meilleurs concerts (première partie + tête d’affiche) vu par votre serviteur à Paris cette année.

La nouvelle Flèche d’Or a mis un peu de temps à trouver son public, la faute probablement à une programmation pas suffisamment alléchante pour inciter les parisiens déjà gavés de concerts à débourser les 8 euros (avec une conso) de droit d’entrée. Cette semaine, l’ancienne gare de la petite ceinture a pourtant vécue deux folles soirées avec la venue tout d’abord de la talentueuse Laura Marling puis le lendemain des Band of Horses. Deux soirées qui ont rempli le pavé de la rue de Bagnolet (et même celle des Pyrénées) d’amateurs de folk en tout genre, au point d’attiser la curiosité des riverains, plus du tout habitués à voir débarquer un tel rassemblement de mélomanes dans ce coin du XXème.

Sachez-le, il vaut mieux arriver tôt lorsque l’affiche est alléchante sous peine de poireauter 2h pour venir échouer à quelques mètres de l’entrée, condamné à maudire votre chef qui vous a retenu plus que de raison à votre boulot ou les transports parisiens en grève pour la 264ème fois de l’année…La venue de Band of Horses mercredi a laissé beaucoup de monde derrière les grilles. Cela peut paraître étonnant si l’on considère que le groupe n’a pas bénéficié d’un énorme buzz sur ses deux premiers albums. L’explication est sans doute à chercher de l’autre côté de l’Atlantique vu le grand nombre d’Américains présents ce soir là, le groupe bénéficiant dans son pays d’une aura bien plus importante que chez nous.

La soirée débute par une première partie assurée par le seul Tyler Ramsey dans le rôle du cumulard puisqu’il est également guitariste au sein de Band of Horses. On sent d’ailleurs transpirer de sa musique les mêmes influences que celle de BOH, celles menant à tout un pan de la musique traditionnelle américaine (folk, americana, country, rock sudiste). Ses ballade mélancoliques et acoustiques sont une sympathique mise en bouche avant un plat de résistance d’un calibre bien plus relevé.

Quelques petites minutes d’attente et Tyler Ramsey refait son apparition sur scène en compagnie du reste de la troupe mais c’est Ben Bridwell qui attire tous les regards, lui le seul rescapé de l’époque où le groupe se nommait Horses. Assis derrière sa guitare pedal steel, le chanteur barbu entame le set par 2 titres tirés des deux premiers albums dont la bien nommée The First Song. La musique de BOH prend, comme c’est souvent le cas en live, une tournure plus rock. Les titres principaux de leur discographie (Is There a Ghost ; The Great Salt Lake ; No One’s Gonna Love You) sont accueillis avec enthousiasme par les privilégiés qui ont pu franchir les portes de la Flèche d’Or. Mais si le groupe s’est déplacé jusqu’ici, c’est aussi parce que comme le signale avec humour Ben Bridwell, un nouvel album va bientôt sortir dans les bacs et il est foutrement bon selon son auteur. En même temps on ne le voyait pas dire le contraire. Plusieurs titres de « Infinite Arms » (c’est son nom) sont rodés sur scène dont l’excellent single Compliments ; Factory ou encore un Laredo très Grandaddyesque dans l’âme. Que les fans se rassurent, ce troisième album s’annonce du même tonneau que ses prédécesseurs. Le set se termine avec Ode to LRC et le très attendu The Funeral, deux des plus beaux morceaux composés par BOH, sur lesquels la voix réverbérée de Bridwell vous met le système pileux au garde à vous. Le groupe quitte la scène sous les vivas et revient pour deux titres dont une reprise de Yo La Tengo (Sugarcube). Belle performance des Américains que l’on espère revoir dans les prochains mois sur les scènes de l’Hexagone afin de promouvoir leur nouvel album dont la sortie est fixée au 18 mai.

Retrouvez ce live-report sur Indiepopock avec des photos de Robert Gil.

Après le Nouveau Casino et le Point Ephémère et avant un Olympia d’ores et déjà complet, le désormais trio londonien The xx était une nouvelle fois à l’affiche d’une salle parisienne. Pourquoi un tel intérêt du public pour un groupe aussi jeune et perfectible, pas réputé pour ses prestations live et avec un seul album au compteur ? Les voies du succès sont impénétrables et je n’ai pas la prétention de détenir la réponse mais cet engouement que certains jugent démesuré n’a pas été sans conséquence sur la vie du groupe qui a perdu sa claviériste, effrayée par le tourbillon médiatique autour du groupe.

Avant de juger sur pièces ceux pour qui La Cigale affichait complet, il nous était donné l’occasion de voir un autre groupe ayant bénéficié d’un certain buzz au moment de la sortie de son premier album il y à 2 ans. Les These New Puritans sont là pour présenter les titres de leur deuxième album, « Hidden ». A l’image du dernier Massive Attack, la musique de TNP a quelque chose de mécanique, de froid et métallique. Peu de lumières sur scène pour éclairer les visages juvéniles, beaucoup de samples, peu de guitares, un gros travail sur les percussions, pour un set uniquement composé de titres du dernier album (We Want War ; Hologram ; Attack Music entre autres). On aurait bien aimé entendre un Elvis ou Swords of Truth, histoire de rompre cette mécanique un brin austère mais Jack Barnett et ses acolytes en avaient décidé autrement. Dommage.

La Cigale est désormais grouillante de monde et bruisse d’impatience de voir ses chouchous du soir apparaître derrière le rideau blanc tendu sur scène. Un carré blanc pour un groupe classé « xx », rien de plus normal. Les lumières s’éteignent enfin, un X est projeté sur le drap puis les premières notes de Intro résonnent avec le groupe en ombres chinoises derrière le rideau. Effet garanti. On avait entendu un peu tout et n’importe quoi sur la qualité de leurs prestations live et la méfiance était donc de mise, Crystalised et Islands chassent une partie des doutes et nous rappellent pourquoi on a tant apprécié le premier album des Londoniens, notamment ce chassé-croisé vocal entre le timbre sucré de Romy Madley Croft et la voix chaude d’Oliver Slim. Heart Skipped a Beat est l’un des morceaux sur lequel cet effet de manche opère le mieux sur l’album (et accessoirement mon titre préféré) mais bizarrement en live la magie a du mal à opérer. Peu importe puisque après la reprise du Do You Mind de Kyla, on a droit à un très bel enchaînement Fantasy/Shelter et à la traditionnelle reprise du Teardrops de Womack & Womack. L’ambiance monte d’un cran et le public n’hésite pas à manifester sa joie pendant les morceaux. D’aucuns reprocheront au groupe son côté statique mais qu’importe quand l’émotion est là. Oliver Slim ne cesse de remercier chaleureusement le public et tente de placer les quelques mots de français qu’il connaît. La fin du set correspond peu ou prou à la fin de l’album avec l’enchainement Basic Space/Night Time et le superbe Infinity avec sa guitare à la Chris Isaak et ses « I Can’t give it up » répétés à l’infini.

Après un départ sous les acclamations d’un public qui, à l’image du groupe, est progressivement monté en température, le trio revient pour un ultime titre, Stars, et quitte définitivement la scène tandis que résonne leur remix du You’ve Got The Love de Florence and The Machine.

Un autre avis et de jolies photos chez Tami.

Je n’avais pas forcément prévu cette date dans mon agenda concert de ce début d’année, trop de groupes à voir en janvier/février, un problême de riche je sais. Grâce à Grandcrew (et Cécile qui m’a prévenu du début du concours) j’ai eu la chance d’assister au concert d’Owen Pallett à la Maroquinerie.

Le trajet jusqu’à la salle de l’Est parisien est toujours un peu compliqué pour moi, l’habitant du Sud parisien, mais ce trajet restera comme l’un des plus compliqués du genre, la faute à un maudit salon (lingerie ?) Porte de Versailles qui empêchait toute tentative d’incursion dans la ligne 12 deux stations plus loin. 20 bonnes minutes à voir les métros bondés défiler toutes les 4 minutes sous mes yeux et puis enfin une minuscule ouverture, un peu forcée, à la parisienne. Du coup l’arrivée à la salle de la rue Boyer se fait avec un peu de retard et la première partie ne m’a pas attendue pour débuter. La salle est pleine à craquer ou presque, impossible de circuler et de trouver une place correcte pour voir le concert, surtout avec la géométrie particulière de la Maroquinerie. Je fais contre mauvaise fortune bon coeur et décide d’écouter les titres de I Come From Pop, trio brestois en charge d’ouvrir le bal. Je n’aperçois pas bien voire pas du tout la scène mais ce que j’entends me plait bien voire beaucoup. C’est à la fois pop, folk et noisy, j’ai du mal à dire à quoi cela me fait penser, ce qui est plutôt bon signe. Certains trouvent apparemment ça chiant alors que moi, au contraire, je trouve ça frais, original et vraiment bien rodé en live. Un groupe à suivre et à voir dans de meilleures conditions en ce qui me concerne.

Je rejoins Cécile et Stéphane qui sont postés près de la scène afin que Stéphane puisse faire des photos pour IPR. On papote un moment et c’est déjà l’heure d’Owen Pallet a.k.a Final Fantasy. Je n’avais pas spécialement accroché à ses précédents travaux sous le nom de Final Fantasy, je n’avais pas trop creusé à vrai dire, mais son nouvel album « Heartland« , le premier sous son vrai nom, est un petit bijou. D’abord seul sur scène, le Canadien est ensuite rejoint par un guitariste/batteur (Thomas Gill). Comme Andrew Bird, autre violoniste de talent, Owen Pallett construit ses morceaux comme une sorte de puzzle qu’il assemble pièce par pièce avec son sampler. L’exercice est toujours spectaculaire à voir en live et le public est particulièrement réceptif ce soir. Pourtant, malgré la qualité de l’interprétation et des titres, je trouve qu’il manque quelque chose pour que cela fonctionne parfaitement. Les titres d’ « Heartland » en live manquent d’envergure par rapport à la version album. Les cuivres par exemple, très présents sur l’album, sont absents sur scène-et c’est bien dommage. Owen Pallet mériterait d’avoir un backing band digne de ce nom pour l’accompagner, un peu à la manière d’Andrew Bird, qui n’hésite pas à s’entourer de plusieurs musiciens sur scène.

Le concert est malgré tout plaisant, le public écoute religieusement et applaudit chaque titre chaudement. Le set se termine par Lewis Takes Action et Lewis Takes Off His Shirt, deux de mes titres préférés du dernier album. Le public réclame et obtient un premier rappel de 2 morceaux sur lequel Owen semble un peu ailleurs, s’y reprenant à plusieurs fois pour une partie de chant, se mélangeant les crayons avec le sampler ou perdant son archet en plein morceau. Le public ne lui en tient pas rigueur au contraire, les encouragements redoublent. Alors que l’on croit en rester là pour la soirée, la salle commençant à se vider, le groupe revient pour un dernier titre accueilli comme il se doit. Au final une belle performance mais un goût d’inachevé car l’ensemble gagnerait à prendre un peu plus de volume. Next time maybe.

Cela faisait un mois que je n’avais pas franchi les portes d’une salle de concert parisienne, la faute aux fêtes de fin d’année qui gèlent temporairement toute activité live sur la capitale. La venue des excellents Fanfarlo à la Maroquinerie me rendait donc doublement impatient de retrouver le chemin des salles de concerts. Cette soirée placée sous la bannière Inrocks Indie Club débute par le set des parisiens de My Girlfriend is Better Than Yours. Le duo est accompagné pour l’occasion par un membre des Chicros au synthé/percus/mini-batterie.  J’accroche moyennement même si leur style un peu potache, notamment sur Le Petit Chevalier, leur seule chanson en français, est loin d’être désagréable.

Le deuxième groupe à prendre place sur scène se nomme Lawrence Arabia et c’est une vraie découverte en ce qui me concerne. Le groupe est mené par James Milne qui est apparement un ancien membre d’Okkervil River et The Ruby Suns. S’ils sont attifés comme des bûcherons canadiens, c’est de Nouvelle-Zélande que nous vient ce collectif au potentiel sympathie très élevé. Musicalement, cela me fait beaucoup penser aux Beatles, aux Beach Boys aussi un peu. C’est bourré d’harmonies, notamment vocales, ça se prend pas au sérieux (les paroles de The Beautiful Young Crew) et ça vous met un grand sourire au milieu de la figure. Ils assureront la première partie de Beach House le mois prochain.

La troupe londonienne de Fanfarlo prend place sur scène sur les coups de 22h, une scène décorée façon kermesse ou bal populaire avec guirlandes et néons un peu kitsch. Que dire de l’accoutrement des anglais, façon Deschiens, la palme revenant sans hésitation au bassiste moustachu…Le set débute avec The Walls Are coming Down et Harold T. Wilkins, deux des meilleurs titres de leur album « Reservoir« . Fanfarlo fait honneur à son titre de groupe chorale, ça chante à tue-tête, ça s’échange les instruments, ça joue du violon et de la mandoline par ci, de la trompette par là.  Plus encore qu’à Arcade Fire auxquels ils sont trop souvent comparés, c’est plutôt à un mélange entre Clap Your Hands Say Yeah et The Spinto Band que me fait penser Fanfarlo. Ca manque un peu de folie des 2 côtés de la scène mais le set est vraiment bon et se termine par le sublime Luna avec ses incessants changements de rythme.

Un compte-rendu et des belles photos chez Tami.

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C’était l’avant-dernier rendez-vous de l’été pour les concerts secrets du 7ème Ciel. C’était la première fois que j’étais tiré au sort et cela tombait plutôt bien puisque ce soir là c’était Kwoon qui était invité à prendre place sur cette terrasse du XVIIIème arrondissement reconvertie, l’espace d’un soir, en salle de concert. On était une bonne vingtaine, voire un peu plus, les uns assis par terre, tout près de la « scène », les autres debout, au fond, afin de pouvoir prendre quelques photos. Il faut dire que le cadre, sublime, s’y prêtait à merveille, avec le Sacré-Cœur illuminé juste derrière, nous toisant assis sur sa butte. Il faut dire aussi que les gens du 7ème Ciel ont des goûts très surs en matière de musique, la décoration de l’appartement en est la preuve visible, la sélection des groupes amenés à jouer sur leur terrasse (The Sleeping Years, Glen Johnson, Michael Wookey, And Also The Trees….) en est une plus audible. Ils avaient choisi ce soir d’accueillir les français de Kwoon, un groupe dont j’avais déjà brièvement parlé en ces pages, que j’avais croisé lors d’un concert intimiste au 1 Bis, un lieu déjà occupé à l’époque par Damien, aujourd’hui instigateur des concerts du 7ème ciel. En formation acoustique pour l’occasion, Kwoon a fait apprécier quelques une de ses ballades atmosphériques qui lui ont valu le surnom de « Sigur Ros français ». On a également pu se délecter de quelques nouveaux titres qui figureront sur leur second album dont la sortie est prévue bientôt. Une magnifique soirée.

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