Le mois de juillet est traditionnellement celui où les amateurs de concerts ont du mal à se mettre quelque chose d’intéressant sous la dent, la majorité des groupes étant sur la route en train de sillonner les festivals. L’annonce surprise du concert d’Arcade Fire au Casino de Paris avait donc suscitée un véritable engouement digne des plus grands, preuve que les Canadiens ont acquis un statut particulier avec leurs deux premiers albums. Fans hardcore ou curieux, tout le monde voulait assister à ce qui s’annonçait comme une présentation en avant-première du troisième album des Montréalais, « The Suburbs« , dont la sortie est prévue pour septembre prochain.

Annoncée pour 19h, l’ouverture précoce des portes du Casino de Paris a pour effet de remplir la rue de Clichy d’une bonne partie des hipsters de la capitale à l’heure où de nombreux parisiens quittent leur boulot. Il faut ensuite prendre son mal en patience avant de pouvoir rentrer, la faute à une organisation un peu dépassée par l’évènement et par le système pour le moins particulier d’attribution des places…Contrairement à la tournée américaine sur laquelle Spoon accompagne Arcade Fire, aucune première partie n’est au programme de ce soir. Les lumières s’éteignent vers 20h30 sous les acclamations d’un public à l’image de la température régnant dans le Casino de Paris : bouillant. On retrouve les Canadiens à peu près tels qu’on les avait laissés la dernière fois qu’on les a croisés (Win Butler est passé chez le coiffeur et Richard Parry chez l’ophtalmo…).

Le groupe démarre le set par deux nouveaux titres, le bien nommé Ready To Start et Modern Man. Ils confirment la tendance entrevue avec les premiers morceaux en écoute sur le net, à savoir que l’album à venir va mettre la pédale douce sur l’emphase et le lyrisme. Du coup on a un peu de mal à rentrer dans ce concert, le moment choisit par le groupe pour dégainer les anciens tubes (Laïka ; No Cars Go ; Haïti). Effet garanti. Le soufflet retombe avec Empty Room et le single The Suburbs, à peine plus convaincant sur scène que lors des écoutes préalables. La moitié du set est atteinte et hormis 2/3 bons moments, ça ronronne quand même sévère !

La deuxième partie de concert va heureusement s’avérer bien meilleure. Suburban Wars nous sort enfin de notre torpeur et semble tout désigné pour être LE tube de « The Suburbs« . L’enchaînement Power Out/Rebellion (Lies) est comme toujours un très grand moment dans un concert d’Arcade Fire, celui sur lequel la communion avec le public est la plus forte. We Used To Wait et Month of May souffrent inévitablement de la comparaison. Keep The Car Running conclut le set en beauté au moment où le concert commençait véritablement à décoller. Frustrant. Le public entonne les « Hoo Hoo » de Rebellion (Lies) afin de faire revenir les Montréalais sur scène, chose faite au bout de quelques minutes d’attente. Tunnels et Intervention (dédié à François Chevalier décédé l’an dernier) puis le très attendu Wake Up font office de rappel. Même si cette deuxième partie de set fut beaucoup plus intense que la première grâce à des titres en train de passer à la postérité, on ne peut s’empêcher au moment de faire le bilan de la soirée de reconnaître une pointe de déception. Arcade Fire a placé la barre tellement haute avec son premier album et des concerts mémorables (Olympia 2007 par exemple) que l’on a envie de revivre ces moments de façon aussi intense, chose difficile ce soir avec des morceaux que, premièrement, on ne connaît pas et, deuxièmement, qui semblent de prime abord plus difficiles à apprivoiser.

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Coincée entre 2 festivals ; la fin de Villette Sonique et le début de « Filmer la Musique » ; cette soirée au Point Ephémère proposait sur le papier une affiche éclectique et de qualité. Premier à entrer en scène, l’Irlandais Conor O’Brien, rescapé des éphémères The Immediate, désormais seul aux manettes de Villagers. Même allure juvénile, mêmes ballades folk-pop, même prénom, il y a du Oberst chez ce O’Brien. Seul avec sa guitare, l’Irlandais égrène une à une les chansons de son premier album sorti chez Domino, et notamment le superbe morceau titre Becoming a Jackal. Plutôt loquace entre les morceaux, il se met le public dans la poche assez rapidement en commandant un whisky ginger ale sans glace depuis la scène qui faute de ginger ale se transforme en whisky pur. Un peu trop fort pour notre ami irlandais qui du coup l’offre gracieusement au public. S’il est encore un peu tendre pour un whisky pur, il n’y a en revanche pas grand-chose à redire sur la qualité d’interprétation de ses morceaux et notamment les deux love-songs qu’il a réservé pour la fin du set. La plus triste des deux se nomme Pieces, c’est aussi l’un des plus beaux morceaux entendus cette année, le genre à vous mettre la chair de poule et les glandes lacrymales en ébullition lorsque Conor répète à l’infini « I’ve been in pieces »…Une ovation méritée pour la plus belle découverte de la soirée.

Changement de plateau et d’atmosphère avec les américains de Small Black. Les 4 new-yorkais surfent sur le mouvement chillwave qui secoue actuellement le microcosme pop-rock indé avec des groupes tels que Washed Out, Toro y Moi, Neon Indian…Les beats sont ici plus électro que downtempo mais pour le reste c’est assez fidèle au crédo de ce nouveau mouvement : synthés planants et reverb’ à tous les étages. Le choc est rude après l’intimité créée par Villagers et il faut bien 2-3 morceaux avant de rentrer complètement dans le set des Américains. A peine le temps de commencer à l’apprécier et c’est déjà la fin. A revoir dans des meilleures conditions.

Ultime changement de plateau, le Point Ephémère s’est bien rempli pour voir celle qui a son nom en gras sur l’affiche de la soirée, j’ai nommé Scout Niblett. Pourtant, l’Anglaise traîne une réputation pas forcément très flatteuse sur la tenue de ses performances live. On la compare notamment beaucoup à Chan Marshall (Cat Power), capable du meilleur comme du pire sur scène. Son dernier album, l’excellent « The Calcination of Scout Niblett », laisse pourtant augurer d’un concert tout en tension et en rage retenue, le mélange de l’eau et du feu qui sied si bien à sa musique depuis ses débuts. La configuration  est minimaliste puisque Scout, à la guitare, est accompagnée seulement d’un batteur. D’entrée de jeu, l’Anglaise semble dans un bon soir. Elle ponctue chaque fin de morceau d’un petit cri, d’un grand sourire vers son batteur et de bras levés comme si elle venait de marquer un but. Les trois derniers albums se taillent la part du lion de la setlist. On apprécie tout particulièrement la sensuelle Kiss, à laquelle il ne manque que la voix grave de Will Oldham. Scout Niblett est visiblement très heureuse de jour ce soir au Point Ephémère, cela s’entend et cela se voit.

Son sourire de petite fille espiègle lorsqu’elle martyrise sa guitare et balance riffs et larsens dans nos oreilles, a quelque chose d’amusant et de touchant. Oui, cette fille est touchante. Un peu barrée aussi mais ce n’est pas incompatible, au contraire. Elle délaisse la guitare sur un morceau pour se mettre derrière les fûts, demande au public s’il a des questions, y répond, puis joue un morceau demandé par l’assistance. Retour du batteur et de l’attelage bruit/fureur. Pas de setlist écrite à l’avance, on est dans l’impro totale. Les 2 acolytes décident entre les morceaux ce qu’ils doivent jouer en suivant. On a l’impression de voir un concert donné par des potes, sans chichis, sans scénario écrit et pensé à l’avance. On aime ça. Elle ne semble pas vouloir s’arrêter de jouer mais est obligé de se plier aux directives de la salle. On a quand même droit à un rappel avec notamment le superbe Wolfie qui conclut un set à l’image de son auteur : surprenant et attachant.

A lire un compte-rendu avec photos chez Elo.

Ce n’était pas encore l’été mais ça y ressemblait quand même beaucoup ce mercredi 28 Avril dans la capitale. Comme tous les quartiers de Paris et peu importe le degré de branchitude, Oberkampf voyait ses terrasses prises d’assaut pour le traditionnel apéro post-boulot. A quelques mètres de là, le Nouveau Casino accueillait les Danois d’Efterklang venus présenter leur dernier album en date, « Magic Chairs« .

Petite surprise, le concert n’affiche pas complet ce soir et le temps estival n’y est sans doute pas pour grand-chose. Efterklang ne possède pas encore la renommée qu’il mériterait d’avoir, la faute sans doute à une musique que l’on qualifiera d’exigeante, même si leur dernier album a considérablement arrondi les angles de leur post-rock symphonique. La première partie est assurée par Heather Woods Broderick qui n’est autre que la petite sœur de Peter Broderick (lui aussi membre intermittent du collectif danois). La jolie brunette occupe le poste de claviériste multi-instrumentiste d’Efterklang, laissé en jachère par la blonde Anna Brøsted partie jardiner le projet Our Broken Garden. C’est devant un public encore clairsemé qu’elle se présente, seule avec sa guitare et un laptop. Un cadre intimiste qui sied parfaitement aux chansons folk de la demoiselle. Dans la famille Broderick, il n’y a donc pas que le frère qui a du talent…

L’apéro se termine pour certains au moment où les membres d’Efterklang entrent en scène. Casper Clausen et Rasmus Stolberg arborent leur magnifique moustache à la Errol Flynn (aussi appelée « pornstache »), un peu leur marque de fabrique. Le batteur, Thomas Kirirath Husmer, est pour une fois placé sur le côté et non au fond de la scène, pour la bonne et simple raison qu’il se charge également de jouer de la trompette (avec brio) sur quelques titres. Le groupe est comme à son habitude très souriant, visiblement ravi d’être à Paris « in the springtime ». Le set débute avec quelques uns des meilleurs titres de « Magic Chairs » (Full Moon ; Alike ; I Was Playing Drums), symboles de l’orientation plus pop des nouvelles compositions. Le groupe n’oublie pas la frange la plus ancienne de son auditoire et entonne Mirador et Caravan, deux titres de « Parades« , plus empathiques et grandiloquents que les morceaux de « Magic Chairs » grâce à l’ajout de cuivres et de de choeurs à gorges déployées. Les sourires sont toujours gravés sur les visages du collectif danois, notamment sous les moustaches de Casper et Rasmus. Un sourire communicatif, rayonnant, sincère. L’expérimental Blowing Lungs Like Bubbles se termine dans un grand éclat de rire collectif, groupe et public réunis. Le set s’achève avec Modern Drift et Cutting Ice To Snow, sous les vivats d’un public aux anges, bien qu’encore un peu réticent à totalement lâcher prise. Quelques traditionnelles minutes d’attente et le groupe revient sur scène pour trois nouveaux titres dont Me Me Me The Brick House, la face B de I Was Playing Drums, qui conclut un excellent concert de la bande à Casper Clausen. Un de plus à leur tableau de chasse.

Un compte-rendu et quelques photos chez Tami.

La première soirée du festival Super ! Mon amour propose une soirée alléchante dans l’enceinte du Point Ephemere. En ce mercredi 11 février, le public parisien est invité à côtoyer successivement le Lyonnais François Virot et les Canadiens d’Handsome Furs.

Le premier nommé a commencé à faire parler de lui il y a quelque temps de ça, avec son groupe Clara Clara dans un premier temps puis en solo. Son premier album « Yes or No » est sorti en fin d’année dernière et on a pu le croiser sur scène lors de différentes premières parties. C’est également en ouverture d’un groupe plus chevronné qu’on retrouve le gone, seul avec sa guitare. François Virot est une sorte d’anti-héros, qui ne semble pas rechercher les lumières, qui semble même parfois gêné d’être là, devant nous. Les apparences lui importent peu, il est là pour jouer ses morceaux, comme il le ferait devant un parterre de potes. Et des morceaux il en a des bons, à l’image d’un Cascade Kisses, d’un Dummies ou d’un Say Fiesta . Quand il arrive à court d’imagination, il pioche dans les reprises les plus improbables, de Jay Z à Abba. François Virot est une sorte de Pierre Richard indé, un petit blond avec une chaussure noire, qui touche le public par son innocence et son côté je-m’en-foutiste, drôle et agaçant, c’est selon.

Tête d’affiche de la soirée, le duo Handsome Furs formé par Dan Boeckner et Alexei Perry. Couple à la ville comme à la scène, les Canadiens ont commencé leur collaboration chez eux avant de se voir proposer comme un défi de venir interpréter les morceaux sur scène. La formule a tellement bien fonctionné que Sub Pop les a signé pour leurs deux premiers albums. C’est justement en vue de la sortie prochaine de « Face Control », le successeur de l’excellent « Plague Park », que le duo est présent ce soir. Bien qu’anglophones, les canadiens font l’effort d’apprivoiser le public en distillant quelques phrases en français et notamment leur joie de se produire à Paris. Classique mais toujours bienvenu. Le set démarre avec Legal Tender, un nouveau titre bien dans la veine de ce que le duo a laissé entrevoir sur son premier album. Alexei Perry s’occupe de tous les bidouillages électroniques, synthé, boite à rythme, harmonium alors que Dan Boeckner assure voix et guitare saturée. Le couple enchaîne les nouveaux titres et quelques uns attirent déjà l’oreille à la première écoute (Evangeline; Radio Kaliningrad ; Nyet Spasiba) , laissant augurer un nouvel album au moins aussi réussi que le précédent mais dans une veine plus électro-vodka. Le premier album, parlons en. Il faut dire que le public, assez nombreux, du Point Ephémère est venu pour les titres de « Plague Park » et non ceux de « Face Control » qu’il ne connaît pas encore. Vœu exaucé. Alexei Perry est déchainée, jumpe derrière son synthé et lance des regards de braise à son fiancé. Ya pas à dire, ces deux là respirent l’amour passionnel à plein nez, le sexe aussi. Le couple échange un baiser durant le set et finit celui-ci vautrés l’un sur l’autre, un grand sourire illuminant leurs visages. Le nôtre aussi…

Le Bataclan affiche complet ce 16 janvier 2009 pour la venue d’Animal Collective dans la capitale, l’un des premiers « grands » concerts d’une année que l’on espère pas avare du genre. Que l’on soit amateur de viande rouge ou végétarien, il est bien difficile en ce début d’année de ne pas manger du Animal Collective à toutes les sauces, certains osant même des rapprochements pour le moins douteux avec Radiohead. Si la presse spécialisée a pris fait et cause depuis un bon moment pour le psyché-folk de Panda Bear & co, il est plus étonnant de voir la presse généraliste se pâmer devant les New-Yorkais. Il est donc moins étonnant de constater que de nombreux curieux se sont déplacés ce vendredi soir afin d’assister au concert dont tout le monde parle, quitte à n’avoir jamais jeté une oreille à « Merriweather Post Pavilion », ni à ses prédécesseurs.

Bien que plus accessible sur le dernier opus du groupe, la musique d’Animal Collective n’en reste pas moins parfois difficile d’accès et notamment en version live. Avant ce concert, on pouvait craindre qu’elle perde ce côté sauvage, barré, qui fait à la fois sa force et sa faiblesse selon le camp que l’on défende. A voir les mines déconfites d’une partie du public 1h30 plus tard, il faut croire que ce n’est pas en 2009 que l’on réussira à mettre Animal Collective dans une cage dorée et on ne peut que s’en réjouir.

Premier choc pour les néophytes, l’interaction avec le public se voit réduite à la portion congrue durant le set des New-Yorkais. Muets et quasi-autistes derrière leurs séquenceurs, Panda Bear, Avey Tare et le Géologiste ne sont pas beaucoup plus bavards que lors de leur derniers passages dans la capitale. Peu importe, après tout on est venu pour écouter de la musique et notamment les titres de « Merriweather Post Pavilion ». C’est peu dire que le groupe nous a entendu puisque la quasi-totalité du dernier album est au programme du set de ce soir. In The Flowers ouvre le bal de belle manière, dommage que des problèmes de son gâche le moment où le morceau décolle réellement. L’éclairage est minimaliste, tout juste distingue t’on les visages des 3 acolytes, celui du Géologiste profitant comme toujours de la lumière de sa lampe frontale. Certains titres perdent un peu de leur saveur en version live, ua gré des expérimentations du trio. C’est notamment le cas de Also Frightened ou Lion in a Coma, vite compensés par un Summertime Clothes qui réveille un peu un public apathique. Avec ses boucles psyché, Guy’s Eyes se révèle comme un des meilleurs titres du set, Panda Bear et Avey Tare jouant au jeu du chat et de la souris avec leurs voix. Daily Routine subit également un lifting spécial, planant à souhait. Les fans de longue date ne sont pas oubliés et accueillent avec grand plaisir les titres les plus anciens au menu du soir : Leaf House, Flesh Canoe ou un Fireworks brillant de mille feux. Le set se conclut par un Brothersport taille XXL avant que le groupe ne revienne pour 2 titres supplémentaires, Banshee Beat et l’excellent My Girls.

Entre ceux qui se sont laissés porter par le vent du buzz et ceux qui regrettent le grain de folie des débuts, ce concert aura généré plus de déception qu’autre chose. Il aura surtout prouvé à ceux qui voulaient en faire une machine marketing que Animal Collective n’est pas Radiohead et que malgré le côté plus accessible de son dernier album, ils ne seront jamais complètement domestiqués. Encore une fois, on s’en réjouit…

Je vous avais déjà dit ici même tout le bien que je pensais de Bon Iver, ce folkeux ricain ayant passé plusieurs mois dans une cabane au fin fond du Wisconsin en plein hiver pour y coucher sur sa guitare les formidables arpèges de son premier album, « For Emma, Forever Ago« . Sa venue à la Maroquinerie en ce 02 octobre était l’occasion de replonger dans les tréfonds d’un album que j’avais un peu délaissé l’été venu.

La Maroquinerie affiche complet ce soir et dés 19h30, heure prévue d’ouverture des portes, c’est une jolie file d’attente qui m’attend, preuve de la popularité naissante de Justin Vernon, l’homme qui se cache derrière le pseudo Bon Iver. Les portes s’ouvrent enfin et le public se presse pour s’installer dans la salle, pourtant petite, mais aux angles de vues parfois compliqués. La Maroquinerie est déjà bien garnie lorsque Anaïs Mitchell fait son entrée sur scène face à une assistance assise face à elle, prête à écouter religieusement les ballades folk à la guitare acoustique proposée par la jeune femme du Vermont à la voix chevrotante. Un set d’une petite demi-heure accueilli par des applaudissements nourris et pas seulement pour les jolis gambettes exhibées par la demoiselle.

La salle est maintenant remplie jusqu’à la gueule et le fait que le public soit assis complique un peu plus les choses pour les retardataires. Le public se lève enfin afin de faire un peu de place à ceux-ci. Pour qui n’a jamais été à la Maroquinerie, il faut savoir que c’est une des salles de Paris où le public est le plus proche puisque collé à la scène, laquelle se situe a à peine un mètre de hauteur. La proximité et le contact entre les artistes et le public est donc maximum et cela n’a pas échappé à Justin Vernon. Accompagné de 3 acolytes (1 guitariste au visage juvénile et 2 batteurs barbus pouvant également jouer l’un de la basse, l’autre du synthé), Justin entre en scène dans une ambiance digne d’une finale de coupe du monde de foot. Applaudisements nourris, cris aigus de la gente féminine présente en force, sifflets, on a du mal à croire que c’est à un concert de folk intimiste joué par des barbus à chemises à carreaux auquel on va assister dans quelques secondes.

Le set débute comme l’album par Flume, lente ballade folk à la guitare acoustique sur laquelle la voix de fausset de Justin fait merveille. L’intro de Lump Sum est interprétée a cappella par les 4 membres du groupe donnant à l’ensemble de faux airs de symphonie pastorale à la Fleet Foxes. La présence de ses musiciens à ses côtés magnifie, si c’était encore possible, les compositions solitaires écrites par Justin au fin fond du Wisconsin. Skinny Love en version live reste beau à en chialer, voilà quelque chose qui ne change pas..et c’est tant mieux. Justin nous propose ensuite de faire les choeurs sur The Wolves (Act I and II). Il explique que l’on doit tout d’abord répéter la phrase « What might have been lost » sur la fin du morceau, lentement puis de plus en plus fort au fur et à mesure que le morceau gagne en intensité et enfin crier à pleins poumons sur l’explosion finale. Le résultat dépasse visiblement ses espérances tant le public joue le jeu et semble heureux de pouvoir communier avec le groupe. Le concert bascule alors dans une sorte de folie douce à laquelle le public présent ce soir y est tout sauf étranger.  Après un Blindsided de toute beauté, le groupe interprète un titre inédit, Blood Bank, sur laquelle Justin délaisse la guitare pour le synthé. Beaucoup plus enlevé que les titres présents sur « For Emma, Forever Ago« , ce morceau laisse augurer du meilleur pour le second opus de Bon Iver.

Les échanges entre le public et le groupe sont nombreux entre les morceaux et tout finit toujours dans un grand éclat de rire, notamment grâce à l’attrait suscité par le juvénile guitariste, Mike, sur quelques membres de la gente féminine présentes dans le public. La reprise de Simple Man, un titre de Graham Nash, est l’occasion pour le timide Mike de se mettre encore plus en valeur auprès de ses fans puisque c’est lui qui interprète ce titre, Justin se contenant de jouer de la flûte et de faire les choeurs sur la fin du morceau. For Emma, bien qu’amputé des cuivres qui font son charme sur l’album, reste un magnifique moment de grâce folk et une superbe déclaration d’amour. C’est aussi le dernier titre du set interprété par le groupe en formation complète puisque le seul Justin interprète re:Stacks pour clôturer le set sous un tonnerre d’applaudissements. Le groupe revient, toujours sous les vivas, afin d’interpréter Creature Fear enchaîné avec Team et son final apocalyptique. De quoi tordre le cou à ceux qui pensent que le folk de Bon Iver est chiant à mourir en concert. La communion avec le public est magnifique, rarement vue en ce qui me concerne. Les yeux sont brillants, les sourires sont vissés au visage de chaque côté de la scène, c’est le concert tel qu’on le rêve à chaque fois que l’on franchit les double-portes des salles obscures. Anaïs Mitchell revient pour interpréter Lovin’s For Fools, une cover de Sarah Siskind,  a cappella avec les autres membres du groupe. Les applaudissements sont une fois de plus nourris et continuent malgré le fait qu’un titre de Feist résonne et que la lumière soit rallumée dans la salle. Le groupe nous fait alors l’honneur de revenir pour interpréter un ultime titre en précisant que c’est la première fois que cela leur arrive. L’inédit Babys clôture en délicatesse une soirée magique qui bercera longtemps les rêves des petits veinards présents à la Maroquinerie en ce 02 octobre 2008.

[Vidéo] Bon IverBlood Bank (live @ Pabst Theatre)

Photos : Oliver Peel

Lorsque Thomas m’a proposé de l’accompagner à la Black Session de Mercury Rev ce lundi, j’ai immédiatement répondu par l’affirmative, trop heureux de pouvoir assister de visu à l’enregistrement de l’émission de radio qui berçât mon adolescence. Et puis…et puis je me suis rappelé que je devais également assister au concert donné par les groupes islandais Seabear et Borko à la Maroquinerie. Nous avions organisé un concours sur Indiepoprock.net qui permettait à 5 lecteurs, ainsi qu’un chroniqueur, d’assister au concert . Devant le peu d’entrain de mes collègues, je m’étais porté volontaire, quitte à faire une croix sur l’ami Bernard Lenoir…

Arrivé vers 20h, je récupère mon invitation et constate que le concert de Borko n’a toujours pas démarré. La Maroquinerie sonne le creux pour le moment, une cinquantaine de personnes attend, pour la plupart assises, dans la salle. Le barman m’explique que le groupe a du retard et que cela devrait débuter vers 20h30. Effectivement l’imposant Borko et sa bande débarquent au nouvel horaire prévu et s’excusent pour le retard. L’Islandais replet (Björn Kristiansson) nous parle des charmes de Paris en roulant les « r » comme tout bon islandais-parlant-anglais qui se respecte. C’est d’ailleurs marrant de constater que ce n’est heureusement pas le cas lorsqu’ils chantent. La musique de Borko ressemble à celle de leurs compatriotes de Múm ou à du post-rock à la Explosions in The Sky auquel on aurait ajouté une trompette et un chant plaintif. Mention pas mal, notamment pour le titre Dingdong Kingdom qui est selon son géniteur l’histoire de Lionel Richie dans un ascenseur…

[Mp3] Borko Dingdong Kingdom

La joyeuse et hétéroclite troupe de Seabear, emmenée par son leader Sindri Már Sigfússon, prend alors place sur la scène de la Maroquinerie. On constate que le batteur et le trompetiste de Borko sont de nouveau mis à contribution ce qui porte à 7 le nombre de musiciens sur une scène pas extensible. Le set débute par Arms et Cat Piano, 2 titres issus de leur album « The Ghost That Carried us Away« . Bienvenue en Seabear-ie, terre de folk et de pop lo-fi. La salle s’est un peu remplie (une toute petite centaine de personnes) mais les gens ont choisi de rester assis par terre ou sur les marches de la Maroquinerie. Le groupe déroule une dizaine de titres dont les très bons I Sing, I Swim et Seashell. Ce dernier clôt le set dans une montée finale époustouflante sur laquelle le groupe met le public à contribution (chœurs). Après un rappel, nous sommes de nouveau sollicité mais cette fois-ci c’est hors de la salle que ça se passe. Le groupe nous dit qu’il va jouer 2 titres à l’extérieur. Ca sent le concert à emporter cette histoire !!

Effectivement en sortant je croise Chryde qui rejoint le groupe, certainement pour leur expliquer la marche à suivre. Le public joue bien entendu le jeu et tout ce petit monde se retrouve dans la partie bar-restaurant en plein air de la Maroquinerie. Au bout de quelques minutes, on entend le groupe arriver vers nous depuis la rue (?). Ils passent au milieu de nous pour se poster entre les tables et interpréter 2 titres acoustiques dans la grande tradition des concerts à emporter de la Blogothèque. Je ne sais pas trop ce que cela donnera, notamment au niveau du son, mais c’était une belle communion avec le public. J’espère que Bernard Lenoir ne m’en voudra pas…

[Mp3] SeabearLibraries

[Mp3] Seabear Arms

[Vidéo] SeabearI Sing, I Swim

Site Officiel (leur 1er Ep y est dispo en téléchargement gratuit).

Seabear on Myspace.

La date du 09 juin était cochée depuis mal de temps sur mon agenda avec la mention : Radiohead (Bercy). C’était bien avant de savoir que le 1er match de l’équipe de France face aux Roumains se déroulerait le même jour, certes à 18h mais tout de même. On n’efface pas plusieurs dizaines d’années de fièvre footballistique d’un coup de Thom Yorke magique. C’est donc mi-contrarié mi-enthousiaste (c’est le moment où je me fais lyncher par ceux qui n’ont pas eu de places) que je franchis en compagnie de Claire les portes du POPB.

L’affiche avait pourtant tout pour me plaire. D’un côté Bat For Lashes, le groupe de Natashan Khan dont je n’ai cessé de vanter les mérites ici même l’an passé, allant jusqu’à décerner à son 1er album le titre honorifique d’album de l’année. De l’autre Radiohead, quintet d’Oxford qu’il n’est plus la peine de présenter, qui fait se déplacer les foules par milliers et les journalistes en vélib, mais seulement par dizaines. Faignasses. Je peux pourtant me vanter d’être un fan de la première heure de la bande à Thom Yorke (mode vieux con prétentieux ON) puisque j’avais acheté « Pablo Honey » en K7 (mode ancien combattant ON) moins d’un an après sa sortie, sur la foi de la vidéo de Anyone Can Play Guitar. L’expérience live attendra « OK Computer » et un Palais des Sports de Toulouse où le public ne jurait que par Karma Police. Merci Fun Radio…Un Bercy et un Rock en Seine plus tard (avant Arras en juillet prochain), je retrouvais donc de nouveau ce groupe aux prestations live distillées aux compte-goutte. Volonté délibérée de créer le manque chez le public ou simple peur de tomber dans une routine néfaste (voir le DVD « Meeting People is Easy » sur les tensions nées de l’énorme tournée post « OK Computer ») ? Peu m’importe, le groupe m’a rarement déçu en live…

Il est un peu plus de 19h30 lorsque les lumières s’éteignent dans Bercy pour laisser la place à Natasha Khan et son groupe Bat For Lashes. Je ne sais pas encore que le jeu de l’équipe de France est en train de fondre comme neige au soleil de Zurich (23°C, vous appelez ça de la chaleur ? a quand le championnat d’Europe en Laponie ?). Désormais épaulée par une section rythmique masculine (si mes yeux ne m’ont pas trahi, sinon désolé monsieur madame), la musique de Bat For Lashes a gagnée en puissance ce qu’elle a perdue en grâce. Fini le temps des fées de la pop, la princesse anglo-pakistanaise s’est transformée hier soir en citrouille islandaise. Les connexions avec Björk ne datent pas d’hier mais le groupe possédait suffisamment de talent jusque là pour que cela ne dépasse pas le cadre de l’influence. Il n’en a malheureusement pas été question hier soir tant la performance de Natasha avait perdue sa magie et sonnait comme une pâle copie de Björk (elle même de plus en plus pâle). Pas mal de nouveaux titres au programme mais rien de très excitant. Même les tubes de « Fur & Gold » paraissaient rouler à l’ordinaire hier soir. On pourra toujours incriminer la flambée du prix de baril de pétrole l’acoustique de la salle ou sa dimension, peu propices aux ambiances intimistes, le résultat sera sans équivoque : décevant.

On dit souvent que le plus dur n’est pas d’atteindre le sommet mais de s’y maintenir. A ce titre, Radiohead fait preuve depuis une dizaine d’années d’un remarquable sens de l’équilibre pour se maintenir au top, malgré des choix artistiques audacieux et des choix écologiques qui font grincer les dents. L’excitation de la foule est donc à son comble vers 21h30 lorsque les Oxfordiens pénètrent sur scène. Un petit mot sur la déco de la dite scène : de grands tubes façon orgues d’église pendent du plafond et donneront lieu à de superbes jeux de lumières, des caméras filment chaque membre du groupe (dont une mini fixée sur le micro de Thom pour des gros plans saisissants). La setlist démarre avec All I Need, un des extraits du dernier album dont l’intégralité des titres sera d’ailleurs joué par le groupe. Je ne vais pas vous faire la litanie des 25 titres (2h de concert) car premièrement les souvenirs sont un peu confus dans ma tête et deuxièmement, hormis quelques fans hardcore, ça intéresserait peu de monde je pense. Hormis quelques problêmes de son sur House of Cards, l’acoustique de Bercy a plutôt bien tenue le choc cette fois-ci. Thom Yorke n’en fait ni trop, ni pas assez dans son jeu de scène. Mini-batterie, piano, synthé orné du drapeau du Tibet, guitare acoustique, veste blanche à la Rod Stewart, tout y passe, mêmes ses mimiques désopilantes à la caméra lors de You and Whose Army ou sa danse façon pantin désarticulé sur Idiotheque. Et puis quel plaisir de voir une setlist sans Creep ou Karma Police (c’est là que je me fais lyncher par quelques fans bas du front) auxquels je préfère de loin le magnifique Street Spirit (Fade out). Dehors les supporters des équipes de France et d’Italie ont des Bleus à l’âme mais peu m’importe, une fois de plus Radiohead ne m’a pas déçu en live…

Setlist :

1. All I Need
2. There There
3. Lucky
4. Bangers and Mash
5. 15 Step
6. Nude
7. Pyramid Song
8. Weird Fishes/Arpeggi
9. The Gloaming
10. My Iron Lung
11. Faust Arp
12. Videotape
13. Morning Bell
14. Where I End and You Begin
15. Reckoner
16. Everything In Its Right Place
17. Bodysnatchers

1er rappel :

18. Exit Music For A Film
19. Jigsaw Falling Into Place
20. House of Cards
21. Paranoid Android
22. Street Spirit (Fade Out)

2eme rappel :

23. Like Spinning Plates
24. You And Whose Army
25. Idioteque

Crédit Photos : Photos And Gigs.

Une soirée placée sous le signe de l’éclectisme et de la nouveauté au Point Ephémère avec deux jeunes groupes dont on n’entend pas forcément encore beaucoup parler dans l’Hexagone, les Canadiens de Land of Talk et les Texans d’Oh No ! Oh My ! Deux jeunes formations qui ont sorti leur premier album il y a peu et qui tentent de se faire connaître un peu mieux du public européen par le biais de cette tournée qui faisait escale en ce 19 février sur les quais du Canal Saint-Martin.

Après que les Dijonnais de Jaromil aient allumé les premières mèches, le trio Montréalais de Land of Talk arrive sur scène afin d’installer ses instruments et faire la balance en direct. Comme il est de coutume dans cette salle, le groupe ne repart pas dans les loges mais démarre son set dés la fin du soundcheck. Elisabeth Powell nous présente brièvement son groupe dans un bon français (ils sont Canadiens anglophones) avant d’entamer Magnetic Hill issu de leur seul et unique album « Applause Cheer Boo Hiss ». Ce titre résume à lui seul l’ambivalence de Land of Talk, mélange de pop sucrée à la Cardigans et de guitares saturées à la Dinosaur Jr. De sa voix légèrement éraillée, Elisabeth souffle le chaud et le froid, la section rythmique façon bûcheronne  se chargeant d’alimenter le brasier en combustible. On retiendra outre le furieux Speak To Me Bones, les sucreries douce amères Sea Foam, Summer Special et Breaxx Baxx. Le public ne s’y trompe pas et leur réserve une belle ovation largement méritée. 

Changement de registre avec les Texans d’Oh No ! Oh My !, plutôt adeptes de mélodies pop/folk décalées saupoudrées de bidouillages électro. C’est d’ailleurs avec leur titre le plus électro (I Love All You the Time), son intro façon transe music et ses paroles délirantes (« I love you all the time, except when you drink wine ») que le quatuor ouvre le bal. Le synthé vintage est à l’honneur en ce début de concert avec le moins enjoué mais tout aussi efficace I Have No Sister. La guitare acoustique reprend le dessus sur l’empathique et festif The Party Punch, rythmé par handclaps et chœurs foutraques. Assurément le meilleur titre du « Between the Devil and The Sea EP » et l’un des touts meilleurs de leur répertoire, le genre de morceau à s’écouter le matin pour surfer sur l’adrénaline du bonheur jusqu’au soir.

Malgré leur jeune âge, le groupe semble bien rôdé à l’exercice de la scène, faisant preuve d’une grande assurance. Ils n’hésitent pas à jouer avec le public, balancent quelques vannes entre 2 morceaux. L’ambiance est décontractée, loin du maniérisme dont certains aiment à s’entourer. Les deux barbus du groupe se partagent le chant, l’un  possède d’ailleurs un timbre de voix pas si éloigné (et en plus juste) de celui si particulier d’Alec Ounsworth (Clap Your Hands Say Yeah !). Farewell To All My Friends n’est lui pas sans rappeler Grandaddy, d’autres barbus célèbres qui ont malheureusement cessé leur collaboration pileuse et folklorique. Les titres défilent, de Jane is Fat à Reeks and Seeks, repris dans plusieurs spots publicitaires français. C’est finalement sur le superbe The Backseat et ses harmonies vocales que les Texans quittent la scène avant de revenir interpréter quelques titres dont un dernier sur les chapeaux de roues, histoire de clôturer la soirée comme elle avait commencé.

Land of Talk on Myspace.
Oh No! Oh My! on Myspace.

[Mp3] Oh No! Oh My!The Party Punch

[Vidéo] Land of TalkSpeak To Me Bones