Photo : Vincent Maston

Il sera bien difficile de trouver une personne qui n’a pas passé un moment magique hier soir à l’Olympia pour le premier des 2 concerts de The Arcade Fire. Les Montréalais ont fait honneur à leur réputation, ont fait honneur à cette salle mythique et ont donné pour les chanceux tel que moi la possibilité de vivre un moment magique, presque mystique.

En la bonne compagnie de Cécile, Jerrymill et Erwan, nous avons assisté tout d’abord à l’excellente performance du girls band Electrelane. Entre Stéréolab et Sonic Youth, les demoiselles de Brighton à l’allure un peu timide ont lancé la soirée de fort belle manière. Le set a mélangé les morceaux de leurs 3 premiers albums (dont 2 produit par Steve Albini) et quelques nouveautés que l’on retrouvera dans le prochain. Belle découverte en ce qui me concerne.

Après une attente forcément trop longue les lumières s’éteignent et laissent la place aux néons rouges ornant la scène, certains forment même la bible rouge qui illustre la pochette de « Neon Bible », le 2ème album de The Arcade Fire. Ambiance. Alors que tous les regards sont braqués sur la scène de l’Olympia et que les secondes s’égrènent, un brouhaha venant du fonds de la salle nous annonce un évènement imprévu. Comme ils l’ont notamment fait à Londres, les Montréalais débarquent avec quelques instruments acoustiques pour interpréter a cappella un morceau (Wake Up) au milieu d’une foule évidemment en liesse. Ils sont suivis par une caméra et un pied de micro qui me font dire à Cécile en rigolant « C’est peut être la Blogothèque… ». Renseignement pris, il s’agit effectivement d’un des célèbres concerts à emporter que l’on pourra bientôt voir et entendre sur le site.

Le groupe monte enfin sur scène pour interpréter Black Mirror, titre d’ouverture de leur dernier opus. Les membres (9 ou 10 selon les titres) occupent tout l’espace scénique, un orgue d’église aux tuyaux rutilants trône au beau milieu de ce capharnaüm d’instruments. Keep the Car Running et No Cars Go, 2 des titres les plus pêchus de « Neon Bible », enflamment définitivement le public qui continue à chanter une fois les morceaux terminés. Il se murmure que dans un élan d’enthousiasme fou, Pascal Nègre (patron d’Universal Music) aurait même tapoté de la main à son balcon !!

Le 1/4h qui suit met à l’honneur Régine Chassagne, épouse de Win Butler le leader du groupe mais également et surtout multi-instrumentaliste et chanteuse. Elle interprète tout d’abord Haïti, premier titre de la soirée extrait de « Funeral », en hommage à son île natale. Un sourire éclaire son visage, les Montréalais prennent visiblement un grand plaisir à se produire devant le public français. En guise d’hommage, Régine interprète ensuite une reprise de Poupée de Cire, Poupée de Son, la chanson écrite par Serge Gainsbourg pour la candide France Gall puis passe à la batterie pour Black Wave/Bad Vibrations où son duo vocal avec Win Butler fait merveille.

Comme d’habitude avec les Montréalais les échanges d’instruments sont nombreux, ce qui laisse le temps à l’assistance de reprendre son souffle aprés un tel départ en fanfare. Le groupe éprouve également le besoin de souffler, les titres plus intimistes de « Neon Bible » vont leur permettre ce répit tout relatif. Win Butler s’installe devant l’orgue pour My Body is a Cage. Tel un prêcheur évangéliste devant ses ouailles, il enchaîne les titres devant une assemblée de dévots tout acquise à sa cause. La fin du set fait la part belle aux titres plus anciens avec Neighborhood #1 (Tunnels) et Rebellion (Lies), repris comme un seul homme par un public en communion parfaite avec ses idoles. Comme un symbole Régine Chassagne prend place devant l’orgue pour Intervention qui sera le dernier titre du set initial.

Le rappel ne se fait pas attendre trés longtemps et voit les Canadiens enchaîner Neighborhood #2 (Laika) et Neigborhood #3 (Power Out) à gorges déployées. Les lumières se rallument devant un public exsangue, ivre de bonheur qui continue à entonner des oooh oooh de longues minutes aprés la fin du dernier morceau. Les roadies distribuent track-lists et baguettes (dont une échouera à mes pieds chanceux) que le public se dispute telle de saintes reliques. Une bonne dizaine de minutes se sont écoulées, la scène est en train d’être débarassée mais les 2/3 de l’Olympia sont encore garnis de gens qui chantent, applaudissent et se dit-on croit un peu aux miracles. Pourtant il était dit que cette soirée resterait dans les mémoires. Les membres de The Arcade Fire, dont certains se sont déjà changés, refont leur apparition sur scène, éberlués par l’ambiance qui règne dans cette salle gorgée d’histoire. Les draps qui recouvraient déjà les instruments sont enlevés à la hâte pour laisser le groupe interpréter un émouvant In The Backseat qui clôture de façon majestueuse une soirée vraiment pas comme les autres. Grandiose.