La date du 09 juin était cochée depuis mal de temps sur mon agenda avec la mention : Radiohead (Bercy). C’était bien avant de savoir que le 1er match de l’équipe de France face aux Roumains se déroulerait le même jour, certes à 18h mais tout de même. On n’efface pas plusieurs dizaines d’années de fièvre footballistique d’un coup de Thom Yorke magique. C’est donc mi-contrarié mi-enthousiaste (c’est le moment où je me fais lyncher par ceux qui n’ont pas eu de places) que je franchis en compagnie de Claire les portes du POPB.

L’affiche avait pourtant tout pour me plaire. D’un côté Bat For Lashes, le groupe de Natashan Khan dont je n’ai cessé de vanter les mérites ici même l’an passé, allant jusqu’à décerner à son 1er album le titre honorifique d’album de l’année. De l’autre Radiohead, quintet d’Oxford qu’il n’est plus la peine de présenter, qui fait se déplacer les foules par milliers et les journalistes en vélib, mais seulement par dizaines. Faignasses. Je peux pourtant me vanter d’être un fan de la première heure de la bande à Thom Yorke (mode vieux con prétentieux ON) puisque j’avais acheté « Pablo Honey » en K7 (mode ancien combattant ON) moins d’un an après sa sortie, sur la foi de la vidéo de Anyone Can Play Guitar. L’expérience live attendra « OK Computer » et un Palais des Sports de Toulouse où le public ne jurait que par Karma Police. Merci Fun Radio…Un Bercy et un Rock en Seine plus tard (avant Arras en juillet prochain), je retrouvais donc de nouveau ce groupe aux prestations live distillées aux compte-goutte. Volonté délibérée de créer le manque chez le public ou simple peur de tomber dans une routine néfaste (voir le DVD « Meeting People is Easy » sur les tensions nées de l’énorme tournée post « OK Computer ») ? Peu m’importe, le groupe m’a rarement déçu en live…

Il est un peu plus de 19h30 lorsque les lumières s’éteignent dans Bercy pour laisser la place à Natasha Khan et son groupe Bat For Lashes. Je ne sais pas encore que le jeu de l’équipe de France est en train de fondre comme neige au soleil de Zurich (23°C, vous appelez ça de la chaleur ? a quand le championnat d’Europe en Laponie ?). Désormais épaulée par une section rythmique masculine (si mes yeux ne m’ont pas trahi, sinon désolé monsieur madame), la musique de Bat For Lashes a gagnée en puissance ce qu’elle a perdue en grâce. Fini le temps des fées de la pop, la princesse anglo-pakistanaise s’est transformée hier soir en citrouille islandaise. Les connexions avec Björk ne datent pas d’hier mais le groupe possédait suffisamment de talent jusque là pour que cela ne dépasse pas le cadre de l’influence. Il n’en a malheureusement pas été question hier soir tant la performance de Natasha avait perdue sa magie et sonnait comme une pâle copie de Björk (elle même de plus en plus pâle). Pas mal de nouveaux titres au programme mais rien de très excitant. Même les tubes de « Fur & Gold » paraissaient rouler à l’ordinaire hier soir. On pourra toujours incriminer la flambée du prix de baril de pétrole l’acoustique de la salle ou sa dimension, peu propices aux ambiances intimistes, le résultat sera sans équivoque : décevant.

On dit souvent que le plus dur n’est pas d’atteindre le sommet mais de s’y maintenir. A ce titre, Radiohead fait preuve depuis une dizaine d’années d’un remarquable sens de l’équilibre pour se maintenir au top, malgré des choix artistiques audacieux et des choix écologiques qui font grincer les dents. L’excitation de la foule est donc à son comble vers 21h30 lorsque les Oxfordiens pénètrent sur scène. Un petit mot sur la déco de la dite scène : de grands tubes façon orgues d’église pendent du plafond et donneront lieu à de superbes jeux de lumières, des caméras filment chaque membre du groupe (dont une mini fixée sur le micro de Thom pour des gros plans saisissants). La setlist démarre avec All I Need, un des extraits du dernier album dont l’intégralité des titres sera d’ailleurs joué par le groupe. Je ne vais pas vous faire la litanie des 25 titres (2h de concert) car premièrement les souvenirs sont un peu confus dans ma tête et deuxièmement, hormis quelques fans hardcore, ça intéresserait peu de monde je pense. Hormis quelques problêmes de son sur House of Cards, l’acoustique de Bercy a plutôt bien tenue le choc cette fois-ci. Thom Yorke n’en fait ni trop, ni pas assez dans son jeu de scène. Mini-batterie, piano, synthé orné du drapeau du Tibet, guitare acoustique, veste blanche à la Rod Stewart, tout y passe, mêmes ses mimiques désopilantes à la caméra lors de You and Whose Army ou sa danse façon pantin désarticulé sur Idiotheque. Et puis quel plaisir de voir une setlist sans Creep ou Karma Police (c’est là que je me fais lyncher par quelques fans bas du front) auxquels je préfère de loin le magnifique Street Spirit (Fade out). Dehors les supporters des équipes de France et d’Italie ont des Bleus à l’âme mais peu m’importe, une fois de plus Radiohead ne m’a pas déçu en live…

Setlist :

1. All I Need
2. There There
3. Lucky
4. Bangers and Mash
5. 15 Step
6. Nude
7. Pyramid Song
8. Weird Fishes/Arpeggi
9. The Gloaming
10. My Iron Lung
11. Faust Arp
12. Videotape
13. Morning Bell
14. Where I End and You Begin
15. Reckoner
16. Everything In Its Right Place
17. Bodysnatchers

1er rappel :

18. Exit Music For A Film
19. Jigsaw Falling Into Place
20. House of Cards
21. Paranoid Android
22. Street Spirit (Fade Out)

2eme rappel :

23. Like Spinning Plates
24. You And Whose Army
25. Idioteque

Crédit Photos : Photos And Gigs.

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