février 2009


La première soirée du festival Super ! Mon amour propose une soirée alléchante dans l’enceinte du Point Ephemere. En ce mercredi 11 février, le public parisien est invité à côtoyer successivement le Lyonnais François Virot et les Canadiens d’Handsome Furs.

Le premier nommé a commencé à faire parler de lui il y a quelque temps de ça, avec son groupe Clara Clara dans un premier temps puis en solo. Son premier album « Yes or No » est sorti en fin d’année dernière et on a pu le croiser sur scène lors de différentes premières parties. C’est également en ouverture d’un groupe plus chevronné qu’on retrouve le gone, seul avec sa guitare. François Virot est une sorte d’anti-héros, qui ne semble pas rechercher les lumières, qui semble même parfois gêné d’être là, devant nous. Les apparences lui importent peu, il est là pour jouer ses morceaux, comme il le ferait devant un parterre de potes. Et des morceaux il en a des bons, à l’image d’un Cascade Kisses, d’un Dummies ou d’un Say Fiesta . Quand il arrive à court d’imagination, il pioche dans les reprises les plus improbables, de Jay Z à Abba. François Virot est une sorte de Pierre Richard indé, un petit blond avec une chaussure noire, qui touche le public par son innocence et son côté je-m’en-foutiste, drôle et agaçant, c’est selon.

Tête d’affiche de la soirée, le duo Handsome Furs formé par Dan Boeckner et Alexei Perry. Couple à la ville comme à la scène, les Canadiens ont commencé leur collaboration chez eux avant de se voir proposer comme un défi de venir interpréter les morceaux sur scène. La formule a tellement bien fonctionné que Sub Pop les a signé pour leurs deux premiers albums. C’est justement en vue de la sortie prochaine de « Face Control », le successeur de l’excellent « Plague Park », que le duo est présent ce soir. Bien qu’anglophones, les canadiens font l’effort d’apprivoiser le public en distillant quelques phrases en français et notamment leur joie de se produire à Paris. Classique mais toujours bienvenu. Le set démarre avec Legal Tender, un nouveau titre bien dans la veine de ce que le duo a laissé entrevoir sur son premier album. Alexei Perry s’occupe de tous les bidouillages électroniques, synthé, boite à rythme, harmonium alors que Dan Boeckner assure voix et guitare saturée. Le couple enchaîne les nouveaux titres et quelques uns attirent déjà l’oreille à la première écoute (Evangeline; Radio Kaliningrad ; Nyet Spasiba) , laissant augurer un nouvel album au moins aussi réussi que le précédent mais dans une veine plus électro-vodka. Le premier album, parlons en. Il faut dire que le public, assez nombreux, du Point Ephémère est venu pour les titres de « Plague Park » et non ceux de « Face Control » qu’il ne connaît pas encore. Vœu exaucé. Alexei Perry est déchainée, jumpe derrière son synthé et lance des regards de braise à son fiancé. Ya pas à dire, ces deux là respirent l’amour passionnel à plein nez, le sexe aussi. Le couple échange un baiser durant le set et finit celui-ci vautrés l’un sur l’autre, un grand sourire illuminant leurs visages. Le nôtre aussi…

Barzin Hosseini n’est certainement pas le plus connu des artistes canadiens et pourtant le bonhomme trainait déjà ses guêtres indés par chez nous en 2003 sur un premier album éponyme remarqué. Son second opus, « My Life in Rooms » en 2006, fut marqué du sceau de la confirmation d’un talent injustement méconnu. Un délai de 3 années étant visiblement le temps qu’il faut au songwriter de Toronto pour nous pondre de nouvelles pépites, le voici de retour en 2009 avec son nouvel album « Notes To An Absent Lover« .

Peu ou pas de surprises pour ceux qui connaissent déjà les travaux du Canadien. Ambiances éthérées, mélancoliques, slowcore diront les puristes. Au jeu bien connu des comparaisons, on citera bien entendu Mojave 3, Mazzy Star, Low ou encore Sparklehorse, à l’écoute de titres tels que les superbes Words Tangled in Blue et When It Falls Apart.. On pense également au folk de Josh Tillman ou à celui moins connu de Rocky Votolato (Soft Summer Girls). Après 3 ans de silence, Barzin dépoussière guitare, piano, vibraphone, harmonica et pedal steel pour laisser libre cours à ses talents de songwriter. A noter également l’ajout de cordes, notamment sur Nobody Told Me et The Dream Song, les deux titres placés aux extrémités de cet excellent album.

A une époque où l’on ne jure plus que par les guitaristes barbus qui font pleurer leurs guitares, il serait définitivement injuste que le sieur Barzin, dans un registre plus fouillé, ne se fasse pas une jolie place au soleil. La beauté de ses compositions mérite mieux que notre ignorance.

Barzin on Myspace.

Site Officiel.

La vidéo de Leaving Time, réalisée par Vincent Moon :

Blackout Beach : Ce projet solo de Carey Mercer (Frog Eyes, Swan Lake) s’est d’abord intitulé « Bertrand Russell and the Country Club » avant de se voir rebaptisé Blackout Beach lors de la sortie de « Lights Flow The Putrid Dawn ». Son successeur, « Skin of Evil », bientôt dans les bacs, prend le parti de raconter une histoire, celle de Donna, à la manière d’une pièce de théatre, le long des 10 titres qui le compose. Epuré, avec un Carey Mercer chantant tel un Nick Cave, l’album prend des allures de BO de films de Jim Jarmush. En écoute le titre d’ouverture, Cloud Of Evil [mp3].

Doves : Trio de Manchester qui n’a pas encore connu les joies du succès commercial malgré 3 albums d’excellente facture et des titres parmi ce qu’il s’est fait de mieux ces dernières années au Royaume-Uni. Si si. De retour avec leur quatrième rejeton intitulé « Kingdom of Rust ». Ca tombe bien, c’est également le titre du 1er single [vidéo].

The Rakes : Les Rakes font partie de la génération « Bloc Party/Franz Ferdinand », pourtant ils ne jouissent pas encore de la même renommée. J’avoue avoir eu un peu de mal au début avec le post-punk dansant de la bande à Alan Donohoe, sorte de grand échalas dégingandé. Et puis leur deuxième album est arrivé, moins arty que le précédent, plus accessible, avec quelques tubes tel We Danced Together. Le nouvel album se prénomme « Klang » et sortira le 20 mars prochain. Le 1er single  se nomme 1989 [mp3].

Asobi Seksu :  Pour ceux qui ont prévu de partir bientôt au Japon, Asobi Seksu signifie « Sexe Joyeux » en japonais. Démerdez vous pour placer ça en société. C’est aussi le nom du groupe de Yuki Chikudate & James Hanna que j’ai découvert avec leur 2ème album « Citrus ». Fortement influencé par la période shoegaze avec des mélodies noyées sous des murs de reverb, Asobi Seksu joint l’utile à l’agréable avec un chant vaporeux qui n’est pas sans rappeler celui de Liz Fraser au sein des Cocteau Twins. Le troisième album « Hush » est bientôt disponible, le groupe viendra le présenter samedi 21 à la Flêche d’Or. En écoute le titre Familiar Light [mp3].

Malajube : Le Canada possède une scène indé anglophone dont je ne suis pas le dernier à vanter les mérites depuis un bout de temps. Et la scène francophone me direz-vous ? difficile de trouver sa place entre d’un côté Arcade Fire et de l’autre Céline Dion, entre Wolf Parade et Garou…Ok je caricature un brin. La scène québécoise n’a absolument rien à voir avec la soupe de variété en provenance de ce beau pays, la preuve avec Malajube dont le second album avait fait mouche par chez nous.  Le quatuor de Montréal revient avec « Labyrinthes », en écoute intégrale sur leur page Myspace. Le titre Ursuline en écoute [mp3].

Antony Hegarty a pris son temps pour nous livrer « The Crying Light« , troisième mouture de sa collaboration avec les Johnsons. Sans cesse repoussé depuis près d’un an au grand dam des nombreux fans que le bonhomme a su s’attirer par la grâce de 2 premiers opus magnifiques, l’album fait suite à un EP sorti en fin d’année dernière. Épuré, « The Crying Light » est articulé autour de magnifiques ballades au piano sublimées par la voix d’Antony, cette voix si particulière que l’on aime ou que l’on déteste, c’est selon, mais qui ne laisse pas indifférent.

Antony a eu beau faire subir à ses nouvelles compositions un régime « Slim Fast » par rapport à celles de « I’m a Bird Now« , l’émotion qui se dégage de cette voix androgyne est toujours aussi palpable. Peut être moins accessibles de prime abord que leurs prédécesseurs, les titres de « The Crying Light » se dévoilent au bout de quelques écoutes sous leurs plus beaux atours. Centrées autour d’un piano et de la voix d’Antony pleine de trémolos, les compositions bénéficient de l’apport d’arrangements aussi discrets qu’efficaces. Si l’on retrouve des cordes sur la majorité des morceaux, dont les magnifiques Epilepsy is Dancing et Dailight And the Sun, comment ne pas évoquer le saxophone triste de One Dove, la flûte primesautière de Kiss My Name ou encore la guitare soul de Aeon.

La photo de Kazuo Ohno, sur la pochette de l’album, illustre à merveille le thème principal voulu par Antony Hegarthy pour cet album, à savoir la vie et la mort. Agé de 102 ans, le danseur de Butoh japonais est l’une des idoles de jeunesse d’Antony qui se verrait bien finir sa carrière comme lui. On en doute un peu mais pourquoi pas. En attendant de voir Antony faire des arabesques, on continue de se régaler dans ce qu’il sait faire de mieux pour l’instant : nous émouvoir…

Antony & the JohnsonsDailight and The Sun [mp3]

Antony & the JohnsonsAnother World [mp3]

Antony & the JohnsonsEpilesy is Dancing